Le 11e séminaire Vision & Prospective autour du thème « Œil et Environnement » s'est terminé hier. « Après 2 années d'absence en 2020 et 2021, à cause du Covid, notre séminaire s’est déroulé dans de bonnes conditions et a été, une fois de plus, studieux par la qualité des présentations des intervenants et par la facilité des échanges lors des intersessions entre ophtalmologistes, opticiens et industriels », nous a précisé Thierry De Cecco, Président de l'association qui, par ailleurs, lance un appel pour l'an prochain à plus d'interventions de la part des opticiens.
Parmi la vingtaine de sujets traités, nous avons choisi de vous résumer celui du docteur Barbara Ameline* sur le coût environnemental de la chirurgie de la cataracte.
Elle a d’abord rappelé « que la protection de l'environnement est un enjeu majeur pour la planète et un défi pour nos sociétés. Chaque acte doit donc intégrer les principes du développement durable. Le domaine médical n'échappe pas à la règle. Bien au contraire ! ».
L'ophtalmologiste a déclaré en préambule : « en France, 900 000 opérations de la cataracte sont réalisées chaque année ce qui représente un impact écologique et un coût environnemental. On constate une augmentation de la consommation des différents produits en particulier des plastiques tout particulièrement liés aux soins. La sécurisation accrue et une généralisation du matériel à usage unique, garantit des avantages en termes d’asepsie et de qualité, mais augmente les poids et le nombre de déchets ».
2 kg de déchets jetés par patients au bloc
Puis d'argumenter, « selon les différentes études publiées en Europe, il ressort que chaque intervention de la cataracte génère entre 20 et 80 kg équivalent CO₂ (dioxyde de carbone). Qui plus est, à chaque opération, 2,5 kg de déchets sont produits, essentiellement par des emballages et matériels à usage unique. D'après les données publiées par l'hôpital Cochin à Paris, la moitié du matériel jetable utilisé dans une opération de la cataracte provient de 13 pays différents soit environ 80 000 km parcourus. Le docteur Barbara Ameline a précisé « en se basant sur une estimation basse de 20 kg équivalent CO₂ par opération, pour les 900 000 opérations de la cataracte, on atteint l’équivalent d’un parc automobile de 53 000 voitures qui fait 3000 km par an », fait savoir l'ophtalmologiste. Des chiffres « colossaux », qui montrent si besoin est que l'innovation et la sécurisation immunitaire des interventions représente un coût énorme en termes d'écologie.
Des leviers d'action à activer
Et d'interroger : « pour protéger l'environnement tout en continuant à soigner les patients, une réflexion s'impose sur les protocoles médicaux ou encore les matériels utilisés. L'usage unique doit-il perdurer ? Rien n'est moins sûr. On sait qu'aujourd'hui un certain nombre de produits non utilisés au bloc sont jetés directement à la poubelle. Pourquoi ne pas concevoir des packs réutilisables ? Une évolution concrète des pratiques est souhaitée pour tendre vers une chirurgie de la cataracte " décarbonée " ».
* Le docteur Barbara Ameline est praticien Hospitalier au CHNO des XV-XX (depuis 1994); associée de la Clinique de la Vision à Paris (depuis 2008). Elle a participé en 1991 à l’homologation française du laser Excimer au XV-XX sous la direction du Pr Jean Haut ; elle pratique la chirurgie réfractive depuis.
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"les lentilles au travail et en conditions extrêmes"
"Focus sur l'activité d'opticien oculariste"
"L'oeil et l'environnement et conclusion du Pr Tristan Bourcier"