Après avoir résumé la conférence du Docteur Barbara Ameline sur le coût environnemental de la chirurgie de la cataracte, acuite.fr a sélectionné parmi la vingtaine de présentations de la 11e édition des Journées d'Etudes Vision & Prospective : « Prothèses oculaires, quoi de neuf ? ».

Philippe Gardon, opticien oculariste à Paris a voulu nous donner un aperçu global de cette activité méconnue de notre secteur en passant des indications à une prothèse oculaire, à la fabrication et les nouvelles technologies en impression 3D.

1abfc642-ed88-4c5d-b6d9-31afc886437f.jpgEn introduction, Philippe a rappelé que « 9 000 prothèses sont fabriquées par an. Une quantité relativement stable : il y a autant d'entrant dans la boucle des porteurs de prothèses oculaires que de sortants, c'est-à-dire de personnes qui décèdent ».

D'après les chiffres communiqués, il faut compter « en moyenne 700 euros pour une prothèse oculaire. Les porteurs bénéficient d'une prise en charge à 100% par la Sécurité sociale qui impose aux 48 ocularistes agréés (regroupés en 26 cabinets en France) des prix limites de vente selon l’appareillage ».

À l'heure actuelle, 2 types de prothèses sont fabriquées et la répartition est environ à 50/50 :

  • Le verre scléral, une alternative prothétique, qui « consiste à cacher un œil moche sans envisager de chirurgie mutilante ».
  • La prothèse oculaire vise « à remplacer le globe oculaire manquant afin de restituer à l'œil un aspect naturel » nous a fait savoir Philippe Gardon.

Comment se passe la fabrication ?

Fabriquées en PMMA (polyméthacrylate de méthyle), un matériau biocompatible, léger et résistant, utilisé par les lentilles rigides, les prothèses oculaires sont constituées de plusieurs couches. Selon ses explications, « la première donne la teinte du blanc de l'œil que le professionnel cherche à reproduire ». La seconde correspond au 'maquillage' : « les vaisseaux sont reconstitués avec des fils de laine pour restituer un aspect vivant. L'iris, coloré à la main, est ensuite incorporé lors de la cuisson avant que la troisième couche en surface en résine transparente ne soit réalisée ».

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Dégagement de l’iris en respectant la transition scléro-limbique pour créer le « flou » limbique.

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Finition

En écoutant cette conférence, nous nous sommes rendu compte que le travail réalisé par les ocularistes est « tout un art » où chaque prothèse oculaire est entièrement réalisée « sur-mesure ». Au total, 3 rendez-vous sont requis avec le porteur avant l'adaptation définitive. Une visite de contrôle est recommandée au patient en moyenne tous les 6 mois pour effectuer un polissage. Philippe Cardon a expliqué tout le sens du terme professionnel de santé, en lien direct et proche avec les ophtalmologistes ou les services hospitaliers. De plus un élément important lors de la prise en charge est le temps passé avec le patient, pour expliquer, montrer, rassurer, réconforter la personne qui, très normalement, se pose beaucoup de questions avant la réalisation.

Des prothèses imprimées en 3D en 2022 ?

Après la première implantation chirurgicale d'une prothèse oculaire imprimée en 3D au Royaume-Uni en ce début d'année, peut-on envisager une démocratisation de ce nouveau procédé ? Pas pour le moment d'après Philippe Gardon. « Actuellement, nos techniques sont plus qualitatives tant sur le plan de la couleur que du volume. Par ailleurs, le marché de la prothèse oculaire n'est pas conséquent, le budget de la Sécurité sociale ne représente par exemple que 10 millions d'euros. Je n'imagine donc pas des investissements suffisamment colossaux pour que des développements soient effectués ».

 

Lire aussi les résumés des conférences : 

"les lentilles au travail et en conditions extrêmes" 

"quel est le coût environnemental de la chirurgie de la cataracte ?"

"L'oeil et l'environnement et conclusion du Pr Tristan Bourcier"