Alors que le projet de loi sur la protection et l'information des consommateurs sera débattu en séance publique au Sénat à partir de demain, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) s'oppose à son article 5 bis, qui allonge de trois à cinq ans la durée de validité des ordonnances de lunettes et de lentilles. Cette disposition, qui vise à réduire les délais de rendez-vous chez l'ophtalmologiste, s'apparente pour les ophtalmologistes à une « démédicalisation allant à l'encontre des principes fondamentaux de santé publique ». « Le législateur abandonne le dépistage précoce des maladies oculaires au profit du commerce d'équipements optiques. Cette mesure entrainera des décès prématurés par tumeurs cérébrales et mélanomes oculaires non diagnostiqués à temps, des cécités par glaucome et des handicaps sévères par destruction de la vision centrale. Le législateur doit résister à la pression des industriels de l'optique et à celle des opticiens », argumente le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof.
Le Snof plaide pour une durée de validité modulée selon l'âge
Le syndicat préconise de moduler la durée de vie de prescription en fonction de l'âge, selon des modalités fixées par décret et validées par la Haute Autorité de Santé. Cette solution avait été retenue initialement, lors de l'examen du texte en première lecture à l'Assemblée nationale. « Il sera ainsi possible de discuter cette durée avec les professionnels de la filière. Nous recommandons une visite tous les ans de la naissance à 6 ans, puis une périodicité déterminée en fonction des indications de l'ophtalmologiste jusqu'à la quarantaine, puis tous les 2 à 3 ans sauf indications contraires», explique le Dr. Rottier.
Ne pas freiner les protocoles de coopération
Pour le Snof, la rédaction actuelle de l'article 5bis pénalise par ailleurs « le travail en cours sur la délégation de tâches et de compétences, réactualisé par la loi HSPT qui a conforté la création d'une filière opérationnelle, intégrant les orthoptistes et les opticiens aux côtés des ophtalmologistes ». « Il été indiqué jusqu'à présent aux professionnels de santé que les délégations de tâches seraient opérées dans le cadre d'une concertation interprofessionnelle, sous l'égide de la Haute Autorité de Santé. Avec une telle mesure, on leur montre qu'ils peuvent être décidés au gré des influences des uns et des autres, dans le cadre d'un texte traitant de problématiques de consommation », s'insurge son président. Pour le Snof, ces protocoles de coopération sont LA solution : « mise en place de manière systématique, la délégation de soins sous contrôle médical doit permettre d'ici 10 ans de déléguer 10 millions d'actes médicaux. Les pouvoirs publics doivent nous aider à poursuivre nos efforts de réorganisation afin de proposer des délais de consultation plus acceptables ».
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