Un sondage réalisé par l'Ifop pour le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France)* montre que 76% des Français portent des lunettes ou des lentilles. Et, qu'ils soient amétropes ou non, l'ophtalmologiste est le professionnel le plus compétent pour dépister d'éventuels problèmes oculaires pour 92% d'entre eux (4% pour l'opticien et 2% pour l'orthoptiste). 82% des patients estiment en outre que les lunettes doivent être vendues sur ordonnance. « L'achat de lunettes reste un acte médical dans l'imaginaire collectif. Les Français sont attachés au rôle pivot de l'ophtalmologiste et considèrent sa prescription comme une étape clé de la chaîne des soins », commente le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof.
Ce rôle se perçoit également dans les motifs de consultation : 52% des répondants estiment qu'il faut aller régulièrement chez l'ophtalmologiste pour « un bilan oculaire », et 15% « pour faire renouveler sa prescription de lunettes ou de lentilles. Pour 78%, il faut faire contrôler sa vue au moins tous les 3 ans (37% tous les ans), et 63% déclarent que le premier examen de vue doit se faire avant l'âge de 3 ans. Un résultat salué par le Pr. Béatrice Cochener, présidente de l'Académie française d'ophtalmologiste, qui se réjouit de « la réussite des campagnes de sensibilisation ».
Déléguer à des opticiens : pourquoi pas ? Mais en cabinet !
Les résultats de cette enquête risquent de contrecarrer les ambitions des partisans de la reconnaissance de l'optométrie en France (Association des optométristes de France, Union des opticiens et Syndicat national des opticiens-optométristes), qui militent en faveur de la prescription autonome de lunettes et de lentilles par des opticiens-optométristes. Et ce, afin de garantir l'accès aux équipements correcteurs dans un contexte de baisse démographique des ophtalmologistes et d'augmentation de la demande en soins visuels. Le Snof compte à l'inverse utiliser ce sondage pour sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d'élargir le numerus clausus et d'encourager la délégation de tâches à des orthoptistes ou à des opticiens, sous contrôle de l'ophtalmologiste, en cabinet ou en secteur hospitalier. Ces protocoles de coopération doivent permettre d'ici 10 ans de déléguer les 10 millions d'actes que les ophtalmologistes ne pourront pas assumer : il s'agirait par exemple de l'adaptation des lentilles simples ou du suivi réfractif des enfants de 6 à 16 ans. Cette solution est soutenue par les patients : 79% accepteraient une prise en charge par un membre de l'équipe médicale de leur ophtalmologiste pour un suivi entre deux examens. Pour alerter les politiques, et notamment les candidats à la présidentielle, Snof lance une pétition « pour montrer que les Français sont attachés à un certain mode de prise en charge médicale et qu'ils refusent toute démédicalisation de la prise en charge de leur vue ».
*Sondage réalisé du 25 au 27 octobre 2011 auprès d'un échantillon de 1006 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Voir aussi notre débat TV : Des « super-opticiens masterisés » pour pallier le manque d'ophtalmo ? L'émission et sa synthèse
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