Le 16 octobre dernier, le groupe socialiste à l'Assemblée nationale déposait une proposition de loi visant à modifier le Code de la mutualité pour autoriser les mutuelles à mettre en place des réseaux de professionnels de santé. Dans un communiqué officiel, la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France, réagit à cette initiative. « Elle s'inscrit dans un projet réfléchi de privatisation de la sécurité sociale », déclare-t-elle sans détours.
Dans un contexte de négociations sur les dépassements d'honoraires, le gouvernement envoie avec ce texte, selon le syndicat, « un signe fort » aux mutuelles, « qui s'apprêtent à se substituer à l'Assurance Maladie pour rémunérer certains médecins spécialistes ». « Le plan est complet : modifier les fondements de la Sécurité sociale, et la répartition, sans débat ni prospective ». Outre les graves inégalités que risque de générer une telle « privatisation », Alain Gerbel, président de la Fnof, dénonce le déséquilibre des efforts consentis : « la promesse de la Mutualité s'élève à 150 millions d'euros sur les actes de quelques spécialités médicales. Ce n'est pas cher payé pour acquérir les clés du conventionnement des professionnels », calcule-t-il.
Les parlementaires appelés à refuser la proposition de loi
La Fnof dénonce au passage le manque de transparence des Ocam : « Rares sont ceux qui savent vraiment comment leurs dépenses de santé sont couvertes, ni quels sont les frais de gestion de leur complémentaire. Comment de plus faire confiance à des organismes qui ne respectent pas les décisions de justice (la MGEN a déjà été condamnée à plusieurs reprises, ndlr) et bafouent au quotidien les motions prises en assemblée générale ? »
Concernant les conséquences des réseaux sur notre secteur, la Fnof assure que « très vite, les opticiens vont se retrouver devant des conventions négociées sans leur accord, par des structures financières, dans le seul intérêt de prendre des parts de marché : Bienvenue dans le monde des carrossiers agréés », ironise-t-elle. « Les usagers sont quant à eux réduits à devenir une clientèle captive des assureurs privés ou mutualistes. Les professionnels de santé devront baisser leurs tarifs pour être choisis et conserver leurs clients. Les 150 millions d'euros seront donc un investissement particulièrement rentable et avec une rapidité sans égale pour les assureurs ».
La Fnof en appelle « aux élus, les parlementaires nouveaux et anciens, auxquels nous avons en confiance donné mandat pour protéger l'accès aux soins, la transparence des comptes et l'égalité devant l'impôt. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, à vous de jouer pour donner une chance à notre système de santé en refusant cette proposition de loi », alerte Alain Gerbel.
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