Avec la propagation de la pandémie de Covid-19, ce sont désormais plus de 3 milliards de personnes qui sont confinées, et tous les continents sont touchés. Comment les opticiens à l’étranger vivent-ils cette situation et s’organisent-ils ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement dont ils disposent ? Acuité vous propose une série de témoignages de vos confrères. Notre série nous emmène aujourd'hui en Israël.
En Israël, le dernier bilan faisait état de 8 018 cas avérés dont 127 dans un état grave et 46 décès liés à la pandémie de Covid-19. La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a placé la ville de Bnei Brak, la plus touchée jusqu'alors, en confinement. Aryeh Deri, ministre de l'Intérieur, a lui indiqué dimanche la possibilité de placer le pays entier en confinement dans les prochains jours.
Voici donc le troisième épisode de notre série avec Emilien Arnold, propriétaire d'un magasin à Jérusalem depuis 6 ans et installé en Israël depuis 22 ans.
Acuité : Quel est l’état d’esprit de la population ?
Emilien Arnold : Ici, c’est un peu Kippour tous les jours, avec des rues désertes et une ville à l’arrêt du fait des mesures de confinement adoptées. Les ouvertures sont limitées aux seules activités essentielles. La distanciation sociale imposée n’est pas facile à respecter pour tout le monde car on est une culture du contact. Mais le pays sait traditionnellement bien réagir aux crises et celle-ci a été anticipée tôt par les autorités.
A. : Les opticiens poursuivent-ils leur activité ?
E.A. : En tant que magasin d’optique, on fait partie des commerces dits « essentiels » et on garde le droit d’ouvrir. Chacun fait en fonction de ses possibilités et de sa conscience. Chez nous, on a restreint les horaires pour s’occuper de nos proches et on a instauré des mesures barrières pour limiter au maximum les contacts.
A. : Comment la profession s’organise-t-elle en temps de confinement ?
E.A. : On gère le plus de demandes possibles par téléphone ou WhatsApp. J’ai limité l’accès au magasin à 2 personnes maximum en respectant une distance de 2 mètres avec le personnel. J’ai retiré tout le mobilier et les jeux et installé une table à l’entrée où les personnes peuvent déposer les équipements à réparer. Je continue de livrer des personnes qui ont des difficultés à se déplacer ou qui sont en quarantaine. Je pratique également les examens essentiels. J’ai eu une baisse de -60% de mon CA en mars, et je ne sais franchement pas jusqu’à quand je pourrai rester ouvert. Mais les clients se replient beaucoup vers les magasins de quartier comme le notre car les grands dans les centres commerciaux sont fermés.
A. : De quelles aides publiques disposez-vous ?
E.A. : Des mesures d’accompagnement se mettent en place pour protéger les indépendants. Les congés sans solde sont facilités (avec une période d’ancienneté réduite de 12 à 6 mois) et bénéficient du chômage. Des prêts bancaires garantis par l’État sont instaurés sans frais de dossiers, remboursables sur 5 ans jusqu’à 120 000 euros ou 8% du CA. La TVA est reportée au 23 avril ainsi que différents impôts et charges. Une subvention pour les plus petites structures est accordée jusqu’à 50% du bénéfice net mensuel pour un bénéfice annuel allant jusqu’à 40 000 euros.
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