Le monde entier est touché par la pandémie de Covid-19. Les premiers pays commencent à se déconfiner, mais beaucoup en ont encore pour plusieurs semaines. Comment les opticiens à l’étranger vivent-ils cette situation et s’organisent-ils ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement dont ils disposent ? Acuité vous propose une série de témoignages de vos confrères. Notre série nous emmène aujourd'hui en Suisse.
En Suisse, le dernier bilan fait état de 26 732 cas avérés et 1 281 décès liés à la pandémie de Covid-19. Il s'agit d'un des pays européen ayant le plus de cas par rapport à sa population (environ 3 cas pour 1 000 habitants). Le gouvernement suisse a décidé de ne pas confiner sa population, mais les mesures de restrictions se sont suc cédées, avec notamment la fermetures des magasins non-essentiels et l'interdiction de réunion de plus de 5 personnes.
Voici donc le septième épisode de notre série avec Yohan Abbou, opticien et optométriste diplômé originaire de Lyon et qui dirige un des deux magasins Acuitis de Genève.
Acuité : Quel est l’état d’esprit de la population ?
Yohan Abbou : Étant très proche de l’Italie, on a senti la menace monter assez vite en Suisse, mais la prise de conscience ne s’est véritablement opérée que quand la France a pris ses premières mesures d’urgence. Depuis près d'un mois, nous sommes soumis à un semi-confinement qui vise à responsabiliser les populations en encadrant les sorties par des mesures restrictives (rassemblement de plus de 5 personnes interdit, magasins non essentiels fermés, distanciation sociale obligatoire de 2 mètres, etc.). Le système de santé du pays tient bien le choc, ce qui contribue à rassurer la population dans cette période difficile.
A. : Les opticiens poursuivent-ils leur activité ?
Y.A. : Ils en ont le droit officiellement, étant considérés comme des commerces essentiels. Dans les faits, très peu le font. Les indépendants ont très vite cessé leur activité, faute de moyens. Certaines enseignes ont gardé une ouverture partielle les premières semaines mais depuis début avril, elles se limitent le plus souvent à des services d’urgence à distance, quand elles n’ont pas purement et simplement rabattu leur activité en ligne. Le maintien d’activité est rendu difficile par le fait qu’il n’est plus possible de pratiquer ni examens de vue, ni adaptations de lentilles, que les ophtalmologistes ne s’occupent que des urgences et que beaucoup de professionnels ne bénéficient pas du matériel de protection adéquat. C’est pourquoi à l’échelle de notre enseigne, Acuitis a décidé suite aux mesures de semi-confinement de fermer les magasins, tout en mettant en place une vraie continuité de services avec les clients.
A. : Parvenez-vous à limiter la perte de chiffre d’affaires en magasin ?
Y.A. : Clairement pas. Nous estimons une baisse de -90% à -95% du CA. La continuité de services ne compense pas la grosse perte d’activité. Elle est là pour maintenir le contact et le service avec nos clients. Elle doit aussi aider à anticiper la reprise. Certaines réparations en cours soulageront la surcharge de travail à la réouverture.
A. : De quelles aides publiques disposez-vous ?
Y.A. : Elles sont assez classiques. Les salariés bénéficient de chômage partiel qui couvre 80% de leur salaire. En mars, nous avons financé directement les 20% manquants. Les PME bénéficient de crédits transitoires pour couvrir les dépenses et frais courants sur la période. Ils sont garantis à 100% par l’État jusqu’à 500.000 francs suisses (473 401 euros, NDLR) et à 85% au-delà et jusqu’à 10% du CA. Les prestations sociales sont reportées, mais rien n’est prévu au niveau du Conseil Confédéral concernant les loyers. Cela reste en négociation.
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