Depuis plus de 5 ans, le recrutement reste une difficulté majeure de notre profession, en témoignent les 1 500 offres d'emploi sur Acuité. Forte concurrence, salaires potentiellement trop bas, travail le samedi...
Comme dans de nombreux secteurs, plusieurs causes expliquent ces difficultés, comme nous l'a exposé en juin dernier au Congrès de la Fnof, Laurent Munerot, président de la Cnams (Confédération Nationale de l'Artisanat des Métiers et des Services).
Nous vous avons posé la question via un sondage et vous avez été plus de 700 à répondre à notre enquête « recrutement et fidélisation des collaborateurs ».
Quels profils recherchez-vous ? Accordez-vous un jour de repos le samedi ? Quelles solutions mettez-vous en place pour attirer des candidats et fidéliser vos collaborateurs ? Décryptage.
3 mois et plus en moyenne
- Près des 2/3 des répondants (62%) cherchent à recruter depuis au moins 3 mois un nouveau collaborateur
- 38% d'entre vous recherchent un nouveau collaborateur depuis plus de 6 mois
- À l'autre extrémité du spectre, seuls 18% ont commencé à chercher depuis moins d'1 mois.
Ces temps de recherche sont multifactoriels.
Un 1er facteur relève de la zone géographique, qui peut manquer d'attractivité. Un problème connu du gouvernement qui a essayé de s'en emparer en proposant des aides pour l'embauche dans les zones en difficulté.
Les opticiens très convoités
Deuxième facteur : les compétences du collaborateur recherché.
Diplômé, avec ou sans expérience en optique, spécialisé... Plus de 60% des répondants au sondage recherchent un diplômé du BTS-OL. Cette année, 2343 élèves ont obtenu leur diplôme alors que la France compte près de 13 000 magasins d'optique, sans compter les opticiens qui exercent à domicile. Un ratio qui crée nécessairement des tensions dans un secteur de forte concurrence. Plus de 20% d'entre vous cherchent à recruter un opticien possédant une formation post BTS-OL, axée optométrie/contactologie, et seulement 5% un opticien avec une formation commerce.
Le travail (ou non) le samedi
Le 3e facteur est lié au travail le samedi ? L'attractivité du poste dépend souvent de cet aménagement du temps de travail. Désormais, une majorité d'entre vous accorde aux salariés des jours de congés les samedis (80%), dont un tiers à titre exceptionnel. Seuls 12% n'en accordent aucuns quand 8% des répondants déclarent y réfléchir.
Sur les 80% d'entre vous qui accordent des samedis à leurs salariés, 60% concèdent un samedi par mois, contre un peu plus de 20% à en proposer un tous les deux mois. Près de 20% autorisent 2 samedis par mois à leurs employés.
Les pistes à suivre
Alors, quelle solutions mettre en oeuvre et quelles pistes envisager pour rendre votre magasin plus attractif et aussi pour fidéliser vos collborateurs ? Les trois propositions que vous avez citées et qui reviennent le plus souvent sont :
- Faire en sorte que les salariés travaillent dans de bonnes conditions et avec de beaux produits (19%)
- Orienter son management sur la polyvalence des tâches quotidiennes pour conserver leur motivation (16%)
- Instaurer une véritable écoute active avec ses équipes afin d’améliorer le fonctionnement du magasin et de connaître les idées et les attentes de chacun (14%)
Parmi les autres éléments de réponse, on trouve dans l'ordre :
- Octroyer un aménagement des horaires de travail pour les mères de famille. Par exemple : jour de congés le mercredi ou finir plus tôt le soir
- Organiser des événements de teambuilding pour souder les équipes et intégrer les nouveaux salariés
- Mettre en place le télédétourage et externaliser la gestion du tiers payant pour que les équipes puissent se concentrer sur les besoins visuels des porteurs
Pas pour les pères ?
Quel dommage, vision archaïque de la parentalité !
La présence des RF fait que le travail est devenu monotone , aucun "plaisir" à vendre du verre négocié ....
la technicité est en train de disparaitre avec le savoir faire , les jeunes sont incapables de réparer quoique soit , non il faut vendre
Je considère que les difficultés de recrutement ne proviennent pas seulement du fait d'un manque de candidats mais plutôt de la "pauvreté de motivation des candidats" : un candidat qui réclame tout ça, vous pensez que ça donne quelle image aux patrons ?
Ensuite il y a les impératifs familiaux. Tous les opticiens ne se marient pas ou ne se mettent pas en couple avec des commerçants. Perso je suis en couple avec une enseignante et mon travail systématique le samedi crée des tensions dans notre couple car on a que le dimanche en commun. Et au quotidien ça lui pèse. Si on avait des enfants ce serait sans doute pire. Donc pas évident à gérer.
Concernant les candidats oui il y a la notion de position de force et de génération qui rentre en ligne de compte et qui peut faire d'eux des gens exigeants ou/et peu travailleurs. Mais pas que. Pour reprendre encore mon exemple personnel, j'ai travaillé comme un fou pour un patron pendant 5 ans. Une année il a eu de gros problèmes familiaux et devait gérer les travaux de sa nouvelle maison. Je suis donc passé responsable de magasin de manière insidieuse. Je faisais des horaires de fou pour abattre tout le boulot d'un magasin qui faisait 750 000 euros de chiffre avec seulement une seule employée en 35H/semaine avec moi et le patron qui venait travailler 1h ou 2 une fois de temps en temps (et un employé en renfort une fois dans la semaine quand l'employée était en jour de repos le jeudi), je travaillais des fois jusqu'à 22, 23h (mon record : minuit et demi). J'ai tenu son magasin à quasiment moi tout seul, j'étais responsable de 420 000 euros de chiffre annuel et je réalisais tous les montages. Et à la fin de l'année son chiffre était passé de 750 000 à 830 000 euros annuel.
Et au final vous savez ce que j'ai obtenu ? Juste le paiement de mes heures supplémentaires. Aucune augmentation, aucune prime, aucun salaire correspondant à ma nouvelle charge de travail et à ma nouvelle responsabilité et surtout le pire : aucune reconnaissance. Même pas une tape dans le dos ! Et j'ai même eu l'inverse ! Quand il est revenu il se permettait de remettre en question les choix que j'avais faits, il me sermonnait en disant que c'était pas mon magasin à moi, que c'était lui le chef, il me disait que si j'avais travaillé autant c'est que je l'avais bien voulu et que j'avais fait QUE mon travail. Vous imaginez vivre ça ? Donc c'est parti au clash entre nous. Et maintenant quand je travaille pour un patron plus jamais je fais ce genre de choses, le soir je pars pile à l'heure et plus jamais je me casse la tête sachant que tout l'argent finit dans sa poche et que j'en tire pas un gramme de reconnaissance. Quand vous avez ce genre d'expérience je vous assure que vous avez plus beaucoup de motivation à travailler pour un patron. Et je vous assure que ce genre d'expérience je suis pas le seul à la vivre, en particulier dans l'optique qui est pourtant pas un boulot d'immigrés et qui brasse. Je me suis mis à mon compte du coup d'ailleurs.
Donc je pense qu'il y a des employés fainéants et des bons patrons c'est sur mais qu'on ne s'y trompe pas, si l'employé a des raisons d'être motivé il le sera. Mais pour ça faut être motivant aussi et proposer quelque chose à son employé. Les patrons prennent trop les employés pour des esclaves à leur service, ne prennent pas la peine de les traiter comme des êtres humains avec des besoins, et s'imaginent aussi que s'ils sont reconnaissants après ils en voudront plus donc ils font preuve de froideur et d'autoritarisme. Comment voulez-vous que dans un contexte pareil les jeunes soient motivés ? On sait que les magasins d'optique brassent beaucoup d'argent, on sait où il finit, et les nouvelles générations n'ont pas envie de travailler comme des esclaves comme leurs parents ou bien dans un système où l'argent est réparti moins équitablement et où on le sait très bien. Et cette réalité pèse beaucoup dans la motivation des jeunes. Sans compter la dévalorisation de notre métier, la division des tâches, les réseaux fermés, la cupidité, etc. Difficile d'être motivé dans ce contexte. D'où l'intérêt d'offrir une autre vision et autre chose aux travailleurs. Je trouve ça normal (en dehors de ceux qui sont vraiment fainéants et n'ont pas de respect pour le travail bien sur).
Tous les postes (de métier=confort) cités en bénéficieraient..