Nous avons appris le décès brutal du Pr Ramin Tadayoni à 54 ans. Il était chef du service d'ophtalmologie à l’Hôpital Fondation Rothschild et directeur médical de l’Institut Français de la Myopie, qu'il inaugurait il y a seulement quelques semaines, le 4 mars dernier.
Il était une figure importante de l'ophtalmologie française, facile d'accès, très humble avec ses interlocuteurs, dont la presse.
Il est décédé dans sa chambre d'hôtel le samedi 19 avril à Sao Paulo au Brésil. Il était invité d'honneur du 48e BRAVS Meeting Retina 2024 et devait intervenir sur 2 conférences. Le 19 sur le Schisis maculaire myopique : une prise en charge basée sur des données récentes et le 20 avril sur le problème avec la classification de la rétinopathie diabétique et comment l’IA aidera-t-elle à progresser ?
Le monde de l'ophtalmologie témoigne d'une grande perte pour la spécialité. Acuité adresse ses sincères condoléances à sa famille, ses proches et ses confrères.
Témoignages
José-Alain Sahel, professeur en ophtalmologie et chercheur, spécialiste de la rétine artificielle et des thérapies régénératrices de l'œil
« Ramin Tadayoni incarnait la générosité, la bienveillance et une intelligence rare du cœur et de l’esprit. Ses compétences médicales, chirurgicales, ses connaissances dans tous les domaines du savoir étaient larges et profondes. Ses talents d’orateurs, ses dons pédagogiques lui valaient des invitations dans le monde entier et faisaient de son enseignement une source d’attraction pour tous.
Je me réjouissais de le voir, après avoir pris la direction de mon service à l’Hôpital Fondation A. de Rothschild, y développer de nouveaux projets en associant harmonieusement mon ancienne équipe et celle de l’Hôpital Lariboisière, dans la suite de l’action de son mentor, mon ami Alain Gaudric. Son projet d’Institut de la Myopie était en plein lancement, avec un succès déjà prometteur.
Ramin suscitait l’enthousiasme, l’adhésion, encourageait la créativité et construisait un avenir qui s’est brutalement fermé pour lui. Il faudra à tous ceux qui l’entouraient se nourrir du souvenir du visage souriant, confiant et rayonnant de cet être exceptionnel, désormais éternellement jeune, et de son constant courage, pour poursuivre sa trajectoire, autant que possible, en dépit du vide insondable que son absence creuse ».
Cédric Thein Fondateur et président de l'association Myopia
« On était très proches, c'est comme un frère, un père, un ami pour moi. C'est un homme plein d'humanité. Doté d'une grande simplicité et d'une grande disponibilité, très calme, avec la capacité de rassurer.
Il avait toujours du temps à consacrer aux autres : suite à des accidents, je suis moi-même aveugle de l'oeil gauche et j'ai une forte myopie (-19 dpt), et il n'hésitait pas à m'appeler entre 2 opérations ou, après 10 heures d'opération, on allait prendre un café ensemble.
Je ne l'ai jamais vu critiquer quelqu'un, il voyait toujours le côté positif des gens. il était très humain, il a consacré sa vie aux autres. Il ne se reposait pas. Il était capable de réunir toutes les forces autour d'un projet complexe, de faire travailler ensemble des gens qui n'avaient pas l'habitude de se parler.
J'ai créé l'association Myopia sous l'égide de Ramin. L'idée est de bâtir une association puissante capable de faire du lobbying auprès du gouvernement, pour montrer les dangers de l'évolution de la myopie et lancer des campagnes de prévention. Il a toujours été très inquiet sur le suivi des patients, notamment des enfants. On était en train de mettre en place les états généraux de la myopie le 29 juin.
Il est parti avec sa passion ».
Pr Dominique Bremond-Gignac, chef de service d'ophtalmologie à l'Hôpital Necker enfants malades
« Toute la communauté des ophtalmologistes et chercheurs est choquée. Il est parti trop tôt, il était encore bien jeune. On travaillait plusieurs fois par an ensemble, lui en tant que président de la collégiale, moi en tant que coordinatrice des internes. Il était très impliqué pour améliorer l'enseignement. Il venait de créer l'Institut de la myopie et était spécialiste de la rétine et des myopies fortes, très actif sur le plan international. Son départ prématuré est une grande perte pour tous ».
Florence Ribeaudeau-Saindelle, ophtalmologiste au Mans
« On a fait notre internat ensemble à l'Hôtel-Dieu en 1998. Déjà à l'époque, son sourire était séduisant et contagieux, et au fil des années il n'a pas changé : il a toujours été zen, jamais stressé. Quand je lui posais la question de savoir comment il faisait pour être sur tous les fronts, il me répondait : "J'ai une équipe formidable. C'est un vrai plaisir. Je ne peux qu'être heureux". Il parlait avec enthousiasme de l'Institut de la myopie, il voulait en faire un lieu pour rassembler toutes les professions autour de cette maladie.
Très diplomate, toujours prêt à souligner le côté positif, il était pédagogue et très clair dans ses explications. Je l'ai vu il y a encore 15 jours, et aujourd'hui je suis consternée par cette nouvelle affreuse. Quelle tristesse ».
Jean-Michel Lambert, directeur général de Hoya Vision Care France
« Nous sommes sous le choc de sa disparition si brutale. Nous avions tourné l'émission de BFM Business mardi dernier sur la myopie, un de ses engagements forts...notre émotion est grande et nous pensons évidemment en premier lieu à sa famille. Le professeur Tadayoni était un homme exceptionnel et d'une grande gentillesse. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et collègues de l'hôpital fondation Rothschild et de Lariboisière ».
Marianne Goldwaser, Global Manager Professional Affair Hoya
« Tout le monde est sous le choc. C'était un homme remarquable, quelqu'un qui pouvait réunir tous les professionnels de la vision, toutes les spécialités. Il avait su construire un réseau solide pour placer la France comme une référence au niveau international en ophtalmologie. Il était très discret, mais aussi accessible, toujours humble dans les discussions. Il avait participé à la Hoya Academy en novembre 2023 et avait tenu à répondre à toutes les questions des participants. C'est aussi une grande perte pour les associations de patients ».
Émilie Derigny, directrice de la santé visuelle Essilor France
« C'était une personnalité remarquable. J'ai appris la nouvelle avec une grande émotion tant c'est inattendu.
J'ai eu l'occasion de travailler avec lui lors de conférences que nous avons réalisées ensemble. On avait encore des projets en commun ces derniers jours. C'est une personnalité qui marque. Une voix forte de l'ophtalmologie dans le monde. Il était engagé dans plusieurs sociétés savantes à l'international, et très apprécié de ses patients qui lui vouaient beaucoup d'admiration. Brillant, visionnaire, avant-gardiste, il voyait les grands enjeux avant tout le monde et savait comment y répondre.
L'Institut de la myopie en est un exemple. Il avait bien compris que l'Europe était très en retard par rapport à l'Asie, et qu'il fallait développer la recherche fondamentale sur l'oeil européen qui est différent de l'oeil asiatique. Il avait le sens de la formule. c'est lui qui, lors d'une intervention a dit : "la myopie n'est pas un défaut visuel,mais une maladie". Il répétait encore récemment : "on a 10 ans pour réagir. Il faut se mettre en mouvement".
Il embarquait toute la filière visuelle, pas seulement les ophtalmologistes. Il faisait mille choses à la fois.
Très agréable, il avait toujours un brin d'humour. C'est vraiment une grande perte pour ses proches, sa famille, ses collaborateurs. Les équipes d'Essilor sont conscientes d'avoir perdu un grand expert ».