À l'occasion du congrès d'optométrie et de contactologie 2025 qui a eu lieu ce dimanche et lundi, le président de l'AOF Thibaud Thaëron nous a donné une interview sur le thème de la télémédecine (voir vidéo ci-dessus).
Acuité : Quelle est la position de l'AOF sur la téléconsultation ?
Thibaud Thaëron : Notre position a toujours été très claire. Sur la téléconsultation, on constate que cette dernière bloque 3 professionnels de santé dans la majorité des cas, parfois 2 : un ophtalmo, un opticien, un orthoptiste. C'est une perte de temps globale et le coût financier est supporté uniquement par l'opticien. Il n'est pas naturel que l'opticien soit le seul professionnel de santé qui paye pour apporter des soins aux Français.
AC : et sur la téléexpertise ?
TT : La téléexpertise, si on veut qu'elle soit complète, il faut qu'elle soit au moins aussi bien que dans les cabinets médicaux. Elle n'a pas vocation à être une sous-médecine, juste pour dépanner les gens. Non, il faut au moins qu'elle soit équivalente. Et effectivement, il y a des tests qui sont nécessaires. Un examen du segment antérieur, par une lampe à fente, que l'opticien est formé à faire. Et d'autres examens qui sont nécessaires : un examen de la papille optique, de la rétine et de la pression intraoculaire. On pousse pour que l'opticien soit tout à fait apte à le faire. On sait très bien qu'aujourd'hui, 30% des cabinets embauchent des opticiens et que ces tests-là sont déjà faits par les opticiens en cabinet. On ne va pas se le cacher, c'est une réalité de terrain et j'invite tout le monde à le vérifier.
La législation par rapport à la téléexpertise est encore floue. Mais l'opticien est un professionnel de santé, il a le droit de faire appel à un autre professionnel de santé pour demander un avis, qui dans certains cas peut amener à une ordonnance.
C'est l'ophtalmo qui reste maître, c'est l'ophtalmologue qui va choisir s'il donne ou pas le droit de délivrer un équipement et quel type d'équipement, et s'il est nécessaire d'avoir un avis spécialisé, plus complet, au sein d'un cabinet d'ophtalmologie. La téléexpertise, tout comme la téléconsultation, sont des solutions d'appoint pour résoudre des problèmes de territorialité, des problèmes de déplacement, de mobilité des gens. C'est une boîte à outils supplémentaire qu'on doit apporter à nos patients pour améliorer la qualité des soins tout en accompagnant une montée en compétence de l'opticien. Le but aujourd'hui de l'AOF, c'est le patient et la qualité des soins.