L'Assurance maladie prend très au sérieux les enjeux de décarbonation dans la secteur de la santé.
En introduction d'une conférence de presse autour de la publication du rapport intermédiaire du Shift Project sur ce sujet (document disponible en pièce jointe), Claire Traon, directrice de mission Transition écologique et santé environnementale à l'Assurance maladie, précise :
« Ce rapport [du Shift Project] doit nous aider à identifier les bons leviers à actionner, afin d'accompagner les industriels de la santé pour privilégier les produits les moins émetteurs, ainsi que réduire la consommation de médicaments et de dispositifs médicaux (DM), tout en favorisant la prévention. Il nous faut réduire les GES (gaz à effet de serre) pour une meilleure affectation des ressources financières avec, pour objectif principal, protéger les assurés durablement ».
Périmètre d'étude du Shift Project dans son rapport "Décarbonons le système de santé"
Empreinte carbone des équipements optiques
Le manque de données concernant les lentilles de contact n'ont pas encore permis au Shift Project de dresser un bilan carbone complet de ce dispositif médical.
Ceci étant, un article chiffré a été consacré d'une part sur les montures et d'autre part sur les verres :
- Empreinte carbone des montures de lunettes consommées en France
- Empreinte carbone des verres optiques consommées en France
- Empreinte carbone des lentilles de contact consommées en France
Ce bilan carbone de la consommation des équipements optiques en France a été réalisé par Le Shift Project, ONG française consacrée aux questions d'énergie et de climat, tous secteurs d'activité condondus.
En l'occurence, le volet dispositifs médicaux (DM), comprenant les équipements optiques, a été traité notamment par Baptiste Verneuil, en moins d'une année : « un peu plus de 6 mois », dit-il.
En dehors des rares études et littérature dans le domaine public, ses principales sources humaines d'information ont été les membres de l’association de bénévoles "The Shifters".
Acuité : Quels sont les obstacles, ou les facilités, que vous avez rencontré concernant notre filière ?
Baptiste Verneuil, chargé de mission au Shift Project : « Il y a eu d'innombrables obstacles. En optique comme dans le reste du secteur des industries de santé, le problème est l’accès à l’information. Globalement, l'information sur les processus de production et de distribution est rare.
En optique, il y a très peu de littérature, aucune étude d'ensemble concernant les émissions de CO2e. Il faut fouiller, interroger, confronter les données. Plusieurs industriels du secteur ont bien voulu répondre à nos questions, d'autres non ».
AC : Où se situe l’optique ophtalmique par rapport aux autres dispositifs médicaux en termes d'émissions de CO2e ?
« L’objectif n’est pas d’épingler l’optique ophtalmique par rapport aux autres DM, mais plutôt de pointer les marges d'amélioration. L'optique implique davantage de matières premières et de processus de transformation que d'autres DM. Le point positif, c'est que moins le bilan est bon, plus il y a de levier à activer pour en améliorer le bilan carbone. Nous avons priorisé les DM qui concentrent beaucoup de volumes d'émission de CO2 par rapport à leur masse. Les verres optiques consommés ont une masse faible, mais l'impact en termes de CO2e de leur processus de fabrication est important ».
AC : le diagnostic est essentiel, mais quel est le traitement ?
BV : « Nous publierons mi-juin 2025 le rapport final de l'impact carbone du système de santé français, avec des analyses actualisées et précisées. A cette occasion, les leviers pour améliorer les systèmes de production et de consommation seront proposés. Ils recoupent des suggestions d'optimisations que nous suggérons plus globalement pour de nombreux secteurs d'activité, regroupés dans le plan de transformation de l'économie française.
En optique, pourquoi ne pas chercher à limiter le fret aérien, inciter à relocaliser au mieux certaines étapes de production ? Il faut échanger avec la filière pour trouver les meilleures solutions ».