Après enquête dans de nombreux magasins d'optique, Radio Canada a aujourd'hui dévoilé qu'une forte proportion de points de vente québécois "confient des actes professionnels à des employés dont les compétences ne sont pas reconnues".
Au Canada, les opticiens, dits "opticiens d'ordonnance", doivent posséder un diplôme spécifique clôturant un minimum de deux ans de formation collégiale. Les optométristes, qui peuvent dans ce pays élaborer les prescriptions de verres correcteurs et vendre des équipements, doivent quant à eux justifier d'une formation universitaire de 5 ans. Seules ces deux catégories professionnelles sont, entre autres, autorisées à mesurer les écarts pupillaires des porteurs.
Un journaliste de Radio-Canada, muni d'une caméra cachée et se faisant passer pour un client, s'est rendu dans une trentaine de magasins de Montréal et sa région, constituant un échantillon représentatif des points de vente sous enseigne et indépendants du Québec. Or, dans la moitié d'entre eux, ni opticien diplômé ni optométriste n'était présent pour prendre les mesures nécessaires à l'élaboration de son équipement. Celles-ci ont été réalisées par des employés sans qualification reconnue. Dans les 7 succursales visitées de la chaîne Greiche & Scaff (qui compte 73 points de vente au Québec), aucun personnel qualifié n'était présent. Dans un de ces points de vente, le journaliste annonce avoir été pris en charge par un "conseiller" incapable de reconnaître un pupillomètre parmi le matériel du magasin.
Selon Radio-Canada, Greiche & Scaff, dans un communiqué, a répondu offrir ses services "dans le respect de toutes les normes et pratiques applicables au Québec en ce qui a trait à l'exercice de l'optométrie" et que l'enseigne "n'a jamais fait l'objet de quelconque mesure disciplinaire".
Du côté des institutions, les résultats de l'enquête suscitent de vives réactions. Le dirigeant de l'Ordre des optométristes du Québec, Marco Laverdière, a fait part de sa préoccupation vis-à-vis de ce qui est "effectivement une question d'exercice illégal", en annonçant que l'organisation mène le même type d'enquêtes depuis un an. L'Ordre des opticiens d'ordonnance a également jugé la situation "inacceptable" et entend elle aussi entreprendre des investigations sur ce dossier.
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