Au Canada, la chaîne de magasins d’optique Laurier Opticals a récemment été attaquée par l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario. Elle proposait en effet le remboursement des examens de vue, à hauteur de 60 dollars canadiens (environ 40 euros). Pour bénéficier de cette offre, les clients devaient se rendre dans des cliniques et cabinets d’ophtalmologie avec lesquels Laurier Opticals avait noué un partenariat.
Pour l’Ordre des médecins, ces accords violent les règles déontologiques, qui restreignent les opérations commerciales auxquelles peuvent participer ses membres. Cela représente en outre une concurrence déloyale pour les optométristes qui, au Canada, sont nombreux à délivrer des lunettes dans leurs cabinets. Rappelons qu’au Canada, les examens de vue sont essentiellement pratiqués par des optométristes, les ophtalmologistes se consacrant au traitement des pathologies de l’œil et à la chirurgie.Les opticiens sont quant à eux uniquement tenus de délivrer les lunettes correctrices prescrites par l’optométriste ou le médecin.

Ce conflit intervient au moment où le Bureau canadien de la Concurrence effectue une enquête sur les professions réglementées par leur ordre (médecins, optométristes, pharmaciens…), afin de savoir si celles-ci n'imposent pas des règles pouvant créer des distorsions de concurrence. Le but : vérifier si ces législations peuvent limiter l’accès à ces professions, ou encore provoquer une augmentation des prix pour le consommateur.

Le Bureau canadien de la Concurrence rendra son rapport l’année prochaine. La justice se prononcera quant à elle prochainement sur l’affaire opposant Laurier Opticals et l’ordre des médecins. Pour Laurent Debrun, l’avocat de la chaîne de magasins, Laurier Opticals peut, comme n’importe quelle entreprise privée, proposer des promotions, même si celles-ci consistent à prendre en charge le coût d’un examen de vue. "Cela est d’ailleurs bénéfique pour le consommateur, qui peut ainsi obtenir des lunettes moins chères que chez l’optométriste" a-t-il plaidé.