La correction chirurgicale de la presbytie représente actuellement moins de 10% de l'ensemble des interventions de chirurgie réfractive, et concerne donc moins de 12 000 patients par an. Il s'agit, selon le Professeur Béatrice Cochener, Présidente de la SFO (Société Française d'Ophtalmologie), du "dernier défi de la chirurgie réfractive". "La chirurgie de la presbytie est délicate à aborder car ce défaut de vision est un phénomène évolutif et dynamique" ajoute-t-elle.
Parmi les obstacles au développement de cette chirurgie : la sélection des patients. "Le candidat doit comprendre qu'il ne retrouvera pas les performances visuelles de ses 20 ans, que cette intervention lui redonnera la faculté de pratiquer l'essentiel de ses activités quotidiennes sans lunettes mais que sa qualité de vision en sera altérée : moindre vision des contrastes, plus grande sensibilité à la lumière..." explique le Professeur Béatrice Cochener. "Les patients sont très demandeurs, mais il faut éliminer d'emblée ceux qui risquent d'être mécontents, comme les myopes. Le profil idéal est le presbyte hypermétrope, car il est certain que sa vision sera améliorée".
Les chirurgies compensatrices de la perte d'accommodation donnent de bons résultats, à condition de bien sélectionner les candidats. La technique du laser (presbylasik) s'adresse ainsi aux jeunes presbytes. Mais ses résultats ne sont pas immédiats : une récupération progressive est nécessaire et les régressions sont possibles. Pour un patient de plus de 55 ans, "on préférera l'implant multifocal, réfractif (vision de loin et vision intermédiaire) ou diffractif (vision de loin et vision de près) selon les principales activités du patient" explique le Pr. Cochener. "Il s'agit là d'une chirurgie intraoculaire, plus lourde, qui altère la qualité de la vision et nécessite une neuroadaptation progressive". Notons que ces interventions sont, dans la plupart des cas, couplées avec une opération de la cataracte.
"Nous opérons soit les jeunes presbytes, soit les plus de 55 ans. Entre les deux, aucune technique n'est adaptée et la meilleure solution reste les lunettes ou les lentilles multifocales".
Les techniques actuelles, limitées en terme de résultats et de public, devraient cependant être dépassées prochainement par les implants accommodatifs, qui permettront de restaurer l'accommodation : ces implants se déplaceront, à l'intérieur de l'oeil, sous la pression du vitré pour reproduire un vrai parcours d'accommodation. "Depuis 5 ans, divers concepts ont été évalués qui se sont avérés partiellement efficaces. Mais les travaux se poursuivent sur le développement de nouveaux concepts et matériaux qui pourront restaurer l'accommodation sans altérer la qualité de vision" explique Béatrice Cochener. Ces implants accommodatifs devraient être disponibles dans un délai de 2 à 5 ans.
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