Du 8 au 11 novembre 2024 s'est tenu le salon du Made in France (Mif Expo) à Paris Porte de Versailles.

C'était l'occasion pour plusieurs acteurs de notre filière de mettre en avant la fabrication française de verres et montures optiques. Nous avons assisté à une émission avec Prûne Marre, directrice générale d'Essilor France (voir son interview ici), et Éric Plat, PDG d'Atol Mon Opticien (voir vidéo ci-dessus).

Quel est l'état de l'industrie de l'optique-lunetterie en France ?

« Au niveau des verres de prescription, il n'y a pas trop de soucis à se faire », nous explique Éric Plat. « Il y a un vrai savoir et des moyens de production très importants en France.

En revanche pour les montures, la situation est plus préoccupante. Notre savoir-faire est parti ailleurs. Je l'ai constaté personnellement, puisqu'il y a 30 ans j'ai commencé ma carrière chez L'amy qui était leader du marché et qui a fermé ses portes, entrainant avec lui tout un écosystème de sous-traitants. 

De fait, des formations à la lunetterie ont disparu. Elles permettaient de maintenir des compétences techniques. Aujourd'hui, c'est la Chine qui détient ce savoir-faire ». 

Importer le savoir-faire chinois

« L'idéal, pour redynamiser la filière, serait de faire revenir ces compétences en France. D'inciter des industriels asiatiques à investir dans l'hexagone. Il faudrait également réinvestir dans les écoles françaises ».

Un bilan plutôt satisfaisant...

« Pour autant, aujourd'hui, 65% du chiffre d'affaires des opticiens est réalisé avec des produits français. Majoritairement avec des verres français, mais aussi avec les montures, comme notre collection Onéo qui bénéficie du label Origine France Garantie. Malgré un coût du travail élevé et une inflation très forte ces dernières années, l'industrie de l'optique-lunetterie a su contenir l'augmentation de ses tarifs pour éviter des hausses chez les opticiens et par conséquent auprès des porteurs ». 

...même si des leviers sont à activer

« Il est nécessaire de maintenir des emplois industriels en France », poursuit le PDG d'Atol. « Il faut savoir que chaque emploi dans l'industrie génère entre 3 et 5 emplois chez des sous-traitants. Il y a trente ans, le secteur secondaire représentait 20% du PIB, depuis il a été divisé quasiment par deux. Même si on a constaté une légère amélioration ces dernières années, il reste beaucoup à faire. 

Cependant notre filière est soumise à des injonctions contradictoires :

  • La TVA. Les lunettes sont un dispositif médical, mais c'est le seul à être soumis à une TVA à 20%. Tous les autres dispositifs oscillent entre 0 et 5,5%. Si le gouvernement souhaite réellement que notre filière investisse en France, c'est un levier qu'il pourrait actionner. 
  • Le 100% Santé.  L'état a un double discours. Il appelle à la fois à la réindustrialisation de la France et en même temps avec des montures à 30 € TTC, favorise l'importation de produits asiatiques. Le 100% Santé, représente aujourd'hui 20% des volumes. C'est donc 1 lunette sur 5 qui est fabriquée à l'autre bout de la planète, conformément à la volonté du gouvernement ».