Après l'annonce d'une possible entrée de LVMH au capital de Marcolin, Safilo affirme pouvoir compenser la perte potentielle des contrats de licences conclus avec le groupe de luxe. Comment ? Par l'acquisition de nouvelles marques et le développement de ses propres collections.
La perspective de la perte de 5 marques LVMH, représentant un contrat de 340 millions d'euros pour le n°2 italien, inquiète les investisseurs. Le contrat avec Céline prendra fin en 2017. Dior a été renouvelé jusqu'en 2020 quand les licences Givenchy, Fendi et Marc Jacobs expireront entre 2021 et 2024. Le 2e fabricant mondial, qui réalise un CA de 1,3 milliard d'euros en 2015, a vu la valeur de son action baisser de 14,1% depuis le début d'année.
Ainsi après l'annonce de fusion entre Essilor et Luxottica, le marché devrait être de nouveau chamboulé avec la confirmation dans les prochains jours, des rumeurs de prise de participation minoritaire au capital de Marcolin par LVMH. Le groupe de luxe, qui a retiré ses licences Tag Heuer et Fred au jurassien Logo, va-t-il reprendre le contrôle sur le reste de son portefeuille Eyewear à l'image de Kering ? Se refusant à tout commentaire, son PDG, Bernard Arnault, ne dévoilera sa stratégie que plus tard dans l'année.
Mais pas d'inquiétude du côté de Safilo qui a, par le passé, déjà su faire face à la perte de contrats importants. "Safilo peut se réorganiser non seulement pour survivre, mais aussi prospérer sans LVMH, a déclaré Luisa Delgado, PDG, dans une interview à l’agence Reuters le 27 janvier. Notre cœur de métier est nos marques propres et nous avons la capacité d'être un bon partenaire de licences, agile et facilitateur. Nous recevons deux à trois propositions par semaine". Le lunetier a d'ailleurs récemment rentré une nouvelle marque à son portefeuille avec l'américain Rag & Bone. Une collaboration d’une durée de 5 ans effective à partir de janvier 2018 jusqu’au 31 décembre 2022.
Interrogée sur un possible projet de fusion, la présidente du groupe répond : "Nous sommes une cible attrayante... mais nous voulons rester indépendants, italiens et à Milan. Si le rapprochement des montures et des verres est intéressant, il peut se faire à travers de simples partenariats", a-t-elle indiqué.
Le fabricant mise donc sur une part croissante de ses marques propres (Safilo, Polaroid, Carrera, Smith et Oxydo), qui représenteront 40% des ventes d'ici 2020. "Les fondations sont maintenant en place, les résultats vont suivre. Et nous sommes toujours à l'affût. Nous sommes acheteurs et pas vendeurs", a commenté Luisa Delgado. Selon les analystes, le groupe pourrait s'intéresser à de nouvelles acquisitions comme Maui Jim, Lindberg ou encore Silhouette, qui a récemment investi dans une usine de surfaçage de verres exclusivement pour ses montures percées.