Législation

Nouveau décret : réaction et explication du Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique (Gifo)

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matthieu-id.jpgLudovic Mathieu, président du Gifo

Hier, mardi 17 octobre, Catherine De La Boulaye, présidente de l’UDO, le Dr Thierry Bour, président du (Snof) et Olivier Padieu, vice-président du SynOpe nous ont donné leur réaction suite à la publication ce dimanche du décret. Ludovic Mathieu, président du Gifo (Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique) a également répondu à nos questions sur les règles générales d’exercice de la profession d’opticien-lunetier.

Acuité : Quelle est votre première réaction suite à la publication ce dimanche du décret ?

Ludovic Mathieu : Du bon sens, enfin du bon sens ! Avec le vieillissement de la population et les changements rapides de modes de vie, la demande de soins et d’équipements optiques va croître considérablement dans les prochaines années. L’offre de soins va de son côté être sous forte tension. C’est en valorisant et en capitalisant sur les compétences des professionnels que nous apporterons les réponses les plus efficaces. Certainement pas en les stigmatisant. Encore moins par l’approche assez malthusienne des dispositions votées ces dernières années qui, au final, font du besoin du patient la variable d’ajustement du système.

A. Ce décret est-il une avancée pour la profession ? Si oui, en quoi ?

L.M : C’est un texte positif car il précise le métier, le renforce et le tire vers le haut. C’est aussi la première esquisse d’une filière de santé visuelle fluide, sécurisée et organisée autour des besoins du patient et sous le contrôle de l’ophtalmologiste. Les professionnels de la filière avaient anticipé ces évolutions en se dotant, à travers la Démarche en santé visuelle (rendue publique au Silmo), d’un socle commun de principes, d’engagements et bonnes pratiques. Nous encourageons aujourd’hui tous les industriels et, plus largement tous les professionnels de la filière, à s’approprier cette Démarche en santé visuelle pour donner concrètement vie à ce décret. C’est un mode d’emploi précieux pour assurer une mise en œuvre rapide et efficace des nouvelles prérogatives de l’opticien.

A. Comment vos adhérents vont-ils mettre en pratique ces mesures ?

L.M : Aux côtés des ophtalmologistes, des opticiens et des orthoptistes, les industriels de l’optique entendent être des acteurs de la qualité de la prise en charge en santé visuelle. Les engagements pris par le Gifo pour concrétiser la Démarche santé visuelle sont nombreux : respect des normes en matière de sécurité et de traçabilité sanitaire, informations sur les produits, formations, recommandations de mise en œuvre, efforts d’innovation, etc.

A. Qu'avez-vous demandé comme mesures supplémentaires et qui n'ont pas été retenues ?

L.M : Le Gifo avait notamment proposé de renforcer les règles d’exercice de la profession dans le sens des recommandations du rapport « Voynet », notamment pour ce qui relève de la formation initiale et continue.

A. Pour la délivrance de lunettes sans ordonnance, comment est apprécié le fait d'être en "en cas d'urgence constatée et sans solution médicale adaptée" ? Comment cela se passe pour le remboursement ? 

L.M : Cette dérogation à l’obligation d’ordonnance est importante pour répondre aux situations exceptionnelles et urgentes de certains patients en cas de perte ou de bris de verres correcteurs loin de leur domicile. Concernant leur prise en charge, on peut effectivement s’interroger sur le choix que feront les complémentaires santé dans leurs contrats.

A. Ce nouveau  décret va-t-il désengorger les cabinets ? Va-t-il améliorer le chiffre d'affaires des opticiens ? 

L.M : Ne confondons pas enjeux médicaux et enjeux commerciaux ! Ces nouvelles dispositions cherchent avant tout à améliorer l’efficacité de la prise en charge des patients et à éviter les pertes de chance. D’un côté, elles permettront aux ophtalmologistes de dégager du temps médical pour les pathologies complexes, même si d’autres dispositions seront nécessaires. De l’autre, elles ancrent définitivement l’opticien dans le monde de la santé et le préparent à jouer un rôle croissant de santé visuelle de proximité.  C’est une bonne nouvelle d’abord pour les patients.

A. La profession peut-elle faire connaître au grand public ces nouvelles prérogatives ? Comment l'opticien peut-il le faire savoir ? 

L.M : Les règles du parcours de santé visuelle sont modifiées relativement régulièrement, décret après décret. Il serait donc effectivement légitime d’accompagner les patients dans ces changements. Si l’objectif est de favoriser l’accès aux soins, des communications grand public sur ces nouvelles possibilités sont souhaitables pour éclairer le patient et éviter les confusions, d’autant que les opticiens en demeurent eux-mêmes interdits.

 

Écrit par la Rédaction
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