Les orthoptistes continuent leur combat contre les TASO (Techniciens d'Aide en Soins Ophtalmologiques) et alertent l'opinion contre ce qu'ils estiment être une « régression de leurs compétences » et un « coup de poignard ». En voie de création par le Snof (Syndicat National des Ophtalmologistes de France), les TASO seront titulaires d'un CQP (ouvert aux secrétaires médicales, aides-soignantes et infirmières) et exécuteront dans les cabinets des tâches habituellement confiées aux orthoptistes : détermination de l'acuité visuelle, tonométrie, champs visuels... La pétition lancée en novembre 2011 à titre personnel par Laurent Milstayn, président du SNAO (Syndicat national autonome des orthoptistes), contre ces TASO, recueille aujourd'hui près de 2 100 signataires (dont 90% d'orthoptistes libéraux et salariés). Forts de ce résultat, les orthoptistes sensibilisent aujourd'hui les médias et l'opinion.
Renouvellement des verres correcteurs
« Nous comprenons la nécessité d'une adaptation de l'organisation de la filière, mais souhaitons en contrepartie un transfert de compétences fort qui assure son avenir », expliquent conjointement Laurent Milstayn et trois autres orthoptistes fortement impliqués (Benoît Rousseau, fondateur du site Orthoptie.net, Alexis Lavergne-Calcinelli et Grégory Gasson). Ainsi, ils plaident pour « la création de postes avancés d'orthoptiste, dans des maisons médicalisées par exemple, avec des ophtalmologistes référents notamment par le biais de la télémédecine ». Ces professionnels estiment qu'il leur serait aussi nécessaire « d'obtenir un droit de prescription restreint concernant les pansements d'occlusion, les filtres d'occlusion, les prismes provisoires et surtout le renouvellement avec adaptation des corrections optiques entre deux consultations d'ophtalmologie ». Ils rappellent par ailleurs l'importance de la relation ophtalmologiste / orthoptiste : dans les cabinets où travaille un orthoptiste (800 environ en France), le médecin peut recevoir 30% de patients supplémentaires.
10 000 orthoptistes de plus nécessaires
« Ces délégations d'actes sont encouragées par plusieurs rapports parlementaires (Berland, Bressand, Hubert, Hénart...) et sont acceptables par les ophtalmologistes et les orthoptistes car les seconds ne rêvent pas de remplacer les premiers ». Pour les mettre en place, les orthoptistes demandent notamment de multiplier le nombre de leurs diplômés : « 10.000 professionnels de plus seraient absolument nécessaires afin d'assurer, en plus de l'aide à la consultation, la prise en charge rééducative et réadaptative de nombreuses pathologies et dysfonctionnements : AVC, rétinopathies diabétiques, Basse Vision... ». Ils souhaitent par ailleurs « la levée de la contrainte d'exercer en présence d'un ophtalmologiste, afin que les libéraux puissent eux aussi participer aux consultations avancées des ophtalmologistes, si tant est que la rémunération proposée puisse permettre de s'équiper et d'assurer la pérennité des investissements ». Des négociations avec l'Uncam viennent de s'ouvrir. Elles visent notamment à ce que tous les actes cités dans le décret de compétences des orthoptistes bénéficient d'une nomenclature (et donc d'une rémunération). « Actuellement, seuls les orthoptistes salariés des cabinets médicaux, qui exercent en unité de lieu avec les ophtalmologistes peuvent exercer à plein toutes les compétences de notre décret d'actes », regrette Laurent Milstayn.
Profession