Dans le contexte de déficit démographique des ophtalmologistes et de la croissance de la demande en soins, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) a formulé ses propositions pour assurer l'accès aux soins oculaires à l'horizon 2020-2025. Parmi les erreurs à ne surtout pas commettre, il cite la « démédicalisation » de la vente de lunettes, c'est-à-dire la possibilité de les vendre sans ordonnance. « En effet, 36% des patients venus chez l'ophtalmologiste pour se faire prescrire des lunettes ou renouveler leur ordonnance se voient diagnostiquer un autre problème médical », argumente le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof.
Confirmer le rôle clé de l'orthoptiste
Le syndicat préconise donc 2 mesures-clés à prendre « dès aujourd'hui pour y voir clair en 2020 » : doubler les flux de formation en ophtalmologie (former 3% des internes à cette spécialité, contre 1,5% aujourd'hui) et conforter les effectifs d'orthoptistes et leur place au sein des cabinets d'ophtalmologistes. « L'orthoptiste a un rôle clé dans le cabinet ; il permet d'augmenter le flux de patients de 30%. On peut par exemple concevoir que l'orthoptiste reçoive une fois sur deux un glaucomateux, que ce soit lui qui décide dans certains cas d'examens complémentaires, ou qu'il se charge du suivi réfractif des enfants de 6 à 16 ans, bien sûr toujours sous la responsabilité du médecin, au sein du cabinet ou à l'hôpital », explique le Dr. Rottier, en annonçant que déjà deux protocoles de coopération de ce type sont en cours de validation par la HAS (Haute Autorité de Santé). Dans ce schéma, les orthoptistes sont destinés à accueillir la délégation de 10 millions d'actes d'ici 2025. A cette date, 80% des ophtalmologistes devront être associés à un orthoptiste, ce qui nécessite 4 000 orthoptistes de plus (aujourd'hui il existe 3 400 orthoptistes en France, dont 800 travaillent avec les ophtalmologistes). Pour atteindre ce but, le Snof sensibilise les politiques à l'importance de développer la formation des orthoptistes. « Le nombre d'écoles est déjà passé de 12 à 15. Et nous aurons bientôt des promotions de 300 orthoptistes par an ».
Et les opticiens ?
Concernant les opticiens, les ophtalmologistes envisagent d'en recruter certains à leurs côtés, « qui exerceront leurs compétences actuelles en cabinet ». « Nous ne pouvons pas engager avec eux les mêmes types de coopération qu'avec les orthoptistes. Les opticiens n'ont pas de culture médicale et leur parcours de formation échappe aux médecins. Ils doivent être en phase avec le monde médical réel », estime le Dr Jean-Bernard Rottier.