« Je vous demande d'occuper le terrain en contactologie, sinon d'autres le prendront », demande le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) aux ophtalmologistes. A l'occasion du congrès annuel de la SFOALC (Société française des ophtalmologistes adaptateurs de lentilles de contact), qui s'est tenu dimanche 29 avril, le syndicat a plaidé pour une reprise en main, par les praticiens, de cette activité qu'il estime attaquée par une libéralisation excessive du marché des lentilles vendues sans ordonnance via Internet ou certains magasins d'optique.
« Plus aucun règlement n'est opposable »
« Toutes les règles jusqu'ici en vigueur sont quasi caduques. Sous la pression de Bruxelles, qui veut libéraliser la vente de lentilles de contact, aucun juge ne prendra désormais le risque de condamner quiconque en matière de distribution des lentilles de contact », regrette le Dr. Xavier Subirana, administrateur du Snof (en photo). Il souligne que « 110 sites Internet de lentilles de contact ont vu le jour en France », et que le monopole des opticiens sur la vente de ces produits « peut tomber », rappelant que le projet de loi Lefebvre (reporté sine die) prévoyait déjà d'abroger les conditions de diplôme pour posséder ou gérer un magasin d'optique. « Il y a un risque non nul que 50% du marché des lentilles échappe dans les 10 ans au commerce traditionnel », avertit le Snof.
Une porte ouverte vers l'optométrie
Dans ce contexte, le syndicat insiste, comme l'a rappelé la cour de justice européenne, sur « le rôle indispensable de l'ophtalmologiste dans l'adaptation de lentilles, qui reste un acte médical ». « Les jeunes médecins s'intéressent de moins en moins à cette activité et un certain nombre de nos confrères se contente de noter « bon pour adaptation » sur une ordonnance, c'est la porte ouverte à l'optométrie », estime le Dr. Xavier Subirana. Pour offrir aux patients l'opportunité d'équipements sécurisés dans des délais raisonnables, il préconise de « transformer les cabinets d'ophtalmologie en entreprises médicales» et d'y déléguer certaines tâches au sein du cabinet, à des orthoptistes, ou pourquoi pas à des opticiens salariés, si les conditions règlementaires évoluaient.
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