Christian Py, président du Synom (Syndicat national de l'optique mutualiste) défend bec et ongle le principe des remboursements différenciés. Il nous livre son « état d'âme et sa sérénité » après les récentes prises de position contre la proposition de loi du groupe socialiste, visant à autoriser les mutuelles à mettre en place des réseaux.
Acuité : Le 3 octobre, à la veille du Silmo, la Mutualité française publiait une étude sur « les Français et l'optique ». Quels sont ses grands enseignements ?
Christian Py : Nous considérons que les réseaux de santé et les remboursements différenciés sont une bonne chose, et cette enquête réalisée par Ipsos montre que les consommateurs pensent de même : 8 Français sur 10 sont intéressés par le tiers-payant, par une amélioration du remboursement ou par des tarifs négociés avec les opticiens par leur complémentaire santé. Et 6 sur 10 accepteraient d'être orientés par leur Ocam vers des opticiens agréés. Nous avons publié cette étude à un moment qui nous semblait opportun, proche de l'ouverture du Silmo et au lendemain des déclarations de la Fnof, qui tente de faire passer les complémentaires santé pour de « vilains petits canards », alors qu'elles prennent en charge plus de la moitié du marché !
A. : Vous êtes favorables aux réseaux. Quels arguments opposez-vous à leurs détracteurs, qui estiment qu'ils ébranlent les principes fondateurs du métier d'opticien : liberté, indépendance, qualité... ?
C.P. : Je suis favorable aux remboursements différenciés, à ce que les mutuelles puissent améliorer leurs remboursements, et à ce que l'opticien conventionné s'y retrouve. C'est un partenariat gagnant-gagnant-gagnant, pour les complémentaires santé, les consommateurs, mais aussi les centres d'optique ! La Fnof craint qu'avec le développement des réseaux, les opticiens deviennent des « carrossiers agréés ». Mais il suffit de lire l'avis de l'Autorité de la concurrence de juin 2011 pour se rendre compte que, justement, les carrossiers agréés se portent très bien ! Quant aux 5 000 membres du groupe « Les opticiens ne sont pas des pigeons » sur Facebook, pour moi, c'est comme s'ils n'existaient pas.
A. : Êtes-vous confiant quant au devenir de la proposition de loi du groupe socialiste qui vise à autoriser les remboursements différenciés pour les mutuelles ?
C.P : Comme tout le monde, nous avons entendu, au Congrès de la Mutualité, le président de la République et le ministre de la Santé apporter un soutien très clair à ce texte et exprimer leur volonté de le voir rapidement mis en oeuvre. Selon moi, il est tout à fait possible que son contenu soit examiné rapidement au même moment où l'on discute le PLFSS 2013 (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), et entre donc vite en vigueur.
A. : Le SynOpe s'est récemment montré favorable à l'ouverture de discussions avec l'Unocam pour « établir des règles qui devront régir les relations de partenariat acceptables ». Le cas échéant, participerez-vous ?
C.P. : Tout dépend du contenu de ces négociations. Si l'Etat fixe leur cadre, s'il décide que la Sécurité sociale, l'Unocam et les professions de santé doivent se mettre autour d'une table pour faire baisser le reste à charge des Français, nous serons disposés à participer.
A. : Le Synom a récemment suspendu sa participation au CIO (Conseil interprofessionnel de l'optique). Pour quelles raisons ?
C.P. : Le CIO va au-delà de ses prérogatives initiales et je n'admets pas que certains verriers tentent de remettre en cause les réseaux en faisant du lobbying. Il est logique que les laboratoires pharmaceutiques en fassent, car ils ont besoin des autorisations de mise sur le marché (AMM). Mais en optique, ce n'est pas le cas, et je ne vois donc pas de quel droit les industriels se mêlent de la politique de distribution. Quand j'estimerai que le CIO répond à nouveau à son objet initial, essentiellement axé sur la gestion des échanges de données informatisées, j'autoriserai mes représentants à y participer de nouveau. Personnellement, je n'y siégerai plus.
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