Alors que le Journal Du Dimanche (JDD) en date du 30 juin lançait une énième attaque contre notre secteur dans un article intitulé « Lunettes chères tous coupables », Jean-Luc Selignan persévère dans ses analyses économiques. Lors d'une rencontre avec le rédacteur de l'enquête UFC-Que Choisir sur « le marché juteux de l'optique », il a notamment eu l'occasion de démonter point par point les contre-vérités soutenues par l'association consumériste et reprises par la MGEN dans son magazine « Fréquence » section Manche de juin 2013. Dans la première partie d'un document, que nous reprenons in extenso, il explique notamment les erreurs sur les marges « exorbitantes » des opticiens et les prix « élevés » des équipements en France.
1/ Les prix de vente des lunettes seraient élevés en France
L'UFC-Que Choisir prétend par une construction intellectuelle biaisée que le prix de vente moyen d'un équipement correcteur est de 470€ TTC, alors que la vérité pratique constatée en magasin, par la société d'étude de la distribution européenne GfK, montre que ce prix moyen est de 397€ TTC : 589€ TTC pour les équipements progressifs et 290€ TTC pour les unifocaux, hors deuxième paire « gratuite ». C'est uniquement parce que 36% des français (taux élevé par rapport aux autres pays européens) préfèrent la qualité et le confort des verres progressifs que les prix de vente moyens sont relativement élevés, mais pas les plus élevés d'Europe.
2/ Les marges brutes des magasins d'optique seraient excessives
L'UFC-Que Choisir calcule que la marge d'un opticien est de 70%, ce qui est faux et directement lié à l'erreur initiale sur le montant des prix moyens de 470€ au lieu de 397€. Calculée sur des bases exactes, la marge moyenne d'un magasin d'optique est de 56% et non pas de 70%, chiffre confirmé par l'analyse sectorielle des comptes d'exploitation de près de 45 00 sociétés de distribution au détail d'optique, réalisée en 2011 par l'Ordre des Experts Comptables.
Ce niveau de marge brute est parfaitement justifié par le fait qu'un opticien n'est pas seulement un commerçant qui vend des produits en l'état pour payer les charges fixes de son magasin. C'est un professionnel de santé qui crée un produit sur mesure pour son client et y passe en moyenne 2h30 (contrôle de la correction , prise de mesures , commande des verres sur mesure, centrage et taille des verres, montage et ajustage des lunettes, traitement administratif des dossiers Sécurité sociale et mutuelles). Facturée à 30€ HT de l'heure (la moitié du tarif d'un garagiste), cette prestation représente 24% du prix d'un équipement moyen.
La marge moyenne d'un opticien de 56% se décompose comme suit : 32% au titre de son activité de commerçant et 24% au titre de sa prestation de professionnel de santé et de technicien. Elle est parfaitement justifiée et normale.
3/ Les marges brutes, considérées à tort par l'UFC-Que Choisir comme excessives, seraient liées au trop grand nombre de magasins qui coûterait in fine 510 millions d'euros au consommateur
Qui peut comprendre qu'un plus grand nombre de magasins ne crée pas une concurrence renforcée sur les prix et donc sur les marges ? C'est grâce à l'arrivée sur le marché de très nombreux discounters dans les quinze dernières années que les premiers prix d'équipements unifocaux sont maintenant à 29€. Ces nouveaux entrants n'ont certainement pas contribué à l'amélioration des marges brutes des opticiens, affirmée sans preuve par l'UFC-Que Choisir.
Quant au pseudo-surcoût de 510 millions pour le consommateur, généré par la multiplication des points de vente, il existe uniquement parce que l'UFC-Que Choisir a fait une erreur de calcul concernant les frais fixes des magasins. En effet, en prenant le bon prix moyen d'un équipement (397€ TTC au lieu de 470€ TTC), les frais fixes de magasins par équipement sont de 71€ et non de 139€, soit une surestimation par l'enquête de 68€ par équipement. Sachant que 10 millions d'équipements sont vendus par an, l'UFC-Que Choisir a surestimé les coûts de distribution annuels de 680 millions d'euros.
La multiplication des magasins d'optique ne génère aucun surcoût pour le consommateur, mais plutôt une baisse de chiffre d'affaires, de marge brute et de rentabilité pour chaque opticien.
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En conclusion, Jean-Luc Selignan déclare qu'« il est temps que notre profession réagisse de façon didactique et non polémique à ce type d'enquête partiale, de façon à être entendue et comprise par les médias et les administrations. Le discours argumenté est toujours plus efficace et pertinent que l'invective ».
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