Une étude du Haut Conseil pour l'Avenir de l'Assurance Maladie (HCAAM) plaide en faveur d'une plus grande maîtrise des dépenses de la Sécurité sociale. En effet, son rapport anticipe une forte hausse des dépenses de santé jusqu'en 2060 : le déficit de l'assurance maladie devrait rapidement doubler pour s'élever à 14 milliards d'euros en 2020, contre 7,7 milliards en 2013. Il pourrait ensuite atteindre près de 29 milliards en 2030 pour dépasser les 41 milliards en 2040.
Le vieillissement de la population n'est pas le seul facteur explicatif
« La croissance des dépenses de santé est spontanément plus rapide que celle du produit intérieur brut (PIB), ce qui contribuerait à accroître le déficit public des régimes obligatoires à l'horizon 2060 », explique le HCAAM. L'institution souligne que si la croissance des dépenses constatée jusqu'en 2040 s'explique d'une part par le vieillissement de la population, ce facteur « n'occupe qu'une part relativement modeste dans la progression » des dépenses jusqu'en 2040 (0,5 point environ). Elle estime que « le progrès technique et l'organisation des soins apparaissent comme des contributeurs importants de la dépense de santé dans les projections ».
Représentant aujourd'hui près de la moitié de la dépense publique annuelle, la Sécurité sociale constitue le principal poste d'économies potentielles. Comme l'écrivent nos confrères de Libération, il est « d'ailleurs le seul poste qui continue d'augmenter cette année (+2,1%). Un chiffre en net ralentissement cependant, puisqu'il était de 3,1% l'année dernière et de 3,2% en 2012 ».
Objectif : améliorer l'efficience de notre système de soins
Ainsi dans son étude, le HCAAM plaide pour une plus grande maîtrise des dépenses et l'amélioration de l'efficience de notre système de soins. Trois pistes sont évoquées : un accroissement des prélèvements publics (CSG, cotisations), une baisse de la prise en charge ou une plus grande maîtrise des dépenses.
Écartant d'office les deux premières hypothèses, le HCAAM plaide pour la troisième solution. Il réaffirme « l'impérieuse nécessité d'une maîtrise des dépenses de santé, mobilisant les nombreux gisements d'efficience du système de soins ». Cela consisterait par exemple en l'évaluation de « la pertinence de certains actes ou de certains séjours hospitaliers ». Toutefois, « à court terme, des mesures sur les recettes et le remboursement de soins inutiles devront être prises en attendant que les mesures d'optimisation de la dépense de santé fassent sentir leurs effets », souligne le HCAAM.
Quelle stratégie pour le Gouvernement ?
Du côté du Gouvernement, François Hollande a affiché clairement sa volonté de dégager des économies sur la Sécurité sociale. Lors de ses voeux, le Président s'est dit déterminé à réduire les dépenses publiques et a estimé que la Sécu devait en finir avec certains abus. « Des réformes de structure sont indispensables. Il s'agit de faire mieux en dépensant moins », a-t-il souligné. Cependant, la ministre de la Santé a assuré que la prise en charge des dépenses de santé ne sera pas réduite. Selon Marisol Touraine, les priorités du Gouvernement seraient de renforcer la part des génériques, privilégier les soins de proximité et développer la chirurgie ambulatoire.
Rappelons que dans notre secteur, les remboursements de l'assurance maladie pour les montures et les verres ont encore baissé en 2011, passant à 60% sur la base de tarifs officiels fixés par la LPP (liste des produits et des prestations) au lieu de 65%. On peut ainsi se demander si le Gouvernement fera demain de l'optique un exemple pour une politique globale de restriction des dépenses de santé ?
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