Le Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique (Gifo) continue ses actions dans le but d'informer le grand public de l'acharnement dont fait l'objet notre secteur depuis plusieurs mois. Dans un communiqué, qui va être envoyé ce mardi 25 mars à la presse généraliste, le syndicat fait entendre sa colère et alerte sur les conséquences du plafonnement des remboursements en termes d'emplois.
« Alors que tous les regards sont tournés vers les élections municipales, le ministère de la Santé s'apprête à publier dans la précipitation un décret qui risque de mettre à terre tout un secteur de l'industrie française. 10 500 emplois directs, dans 77 sites français, et plus de 40 000 emplois indirects (sous-traitants notamment) sont menacés, insiste le Gifo. Des bassins d'emplois comme ceux de Morez (Jura), Oyonnax (Ain), la Normandie ou encore la région parisienne sont particulièrement exposés ».
Pour les fabricants, « grâce à plus d'une centaine de PME et de groupes innovants, le France a conquis au fil du temps un leadership mondial dans le secteur de l'optique. En misant sur la qualité, l'innovation, la différenciation et la création, ces entrepreneurs sont parvenus jusqu'alors à résister à une rude compétition mondiale, en réussissant même parfois des relocalisations. Ils exportent aujourd'hui le savoir-faire français dans des domaines comme la plasturgie, la chimie, la mécanique de précision, les traitements de surface, l'optique physiologique, les nanotechnologies. Ils ont même été identifiés par le Président de la République (12 septembre 2013) comme un secteur d'avenir de la nouvelle France industrielle ».
« En faisant désormais du coût de fabrication le seul critère d'expression de la concurrence sur le marché français et en empêchant la différenciation, le déremboursement va, en cascade, fermer brutalement le marché domestique de ces entreprises, vider leurs usines françaises et briser leur équilibre économique », alertent les représentants du syndicat. « Nous avons l'impression que nous n'aimons pas ce qui marche en France et que l'industrie pèse peu face à tous les lobbys qui s'expriment et qui semblent aujourd'hui faire les décisions, s'inquiète Jérôme Colin, président de Leoo (Les Entreprises d'Optique Ophtalmique). Nous demandons juste à pouvoir faire notre travail, équitablement. Pourquoi vouloir subitement sacrifier une industrie française de pointe déjà très exposée à la concurrence mondiale ? Quel en sera le prix pour la santé ? Quel en sera le prix pour le pouvoir d'achat ? Quel en sera le prix pour nos emplois industriels ? », interroge-t-il.
« Ce sujet du déremboursement a été traité par le gouvernement en oubliant complètement la filière en amont de l'opticien, en oubliant toutes nos entreprises qui tentent de résister avec un coût de fabrication en France beaucoup plus élevé qu'ailleurs et peu de protections sanitaires et douanières, ajoute Philippe Lafont, administrateur du Gifo. Il faut bien comprendre que le plafonnement des remboursements combiné à la politique de reste à charge nul de certaines mutuelles, que vient d'encourager la récente loi Le Roux, aboutit à exclure nos produits du marché, même si les clients les demandent ! Les Français ont connu les lunettes Sécu, je doute qu'ils veuillent aujourd'hui des lunettes mutuelles ! », conclut-il.