Les conséquences de la pénurie d'ophtalmologistes tiennent une large place dans les débats du 116ème Congrès de la SFO (Société française d'ophtalmologie), qui se tient à Paris jusqu'à demain 11 mai. Dans de nombreuses villes, les délais de rendez-vous dépassent parfois un an, et seuls 70 à 80 ophtalmologistes sont formés chaque année, pour 200 départs en retraites. Cette situation est d'autant plus problématique que le nombre de patients augmente.
De nouvelles délégations à venir
"Dans ce contexte, de nouvelles délégations de tâches entre les ophtalmologistes et les autres spécialistes de la filière de santé visuelle s'impose" nous a expliqué le Dr. Béatrice Cochener, présidente de la SFO. "La question de faire réaliser des tests de la vision aux opticiens est actuellement en débat à la HAS (Haute autorité de santé). Mais il faut faire attention : il y a à la fois une perte de chances pour le patient si une pathologie n'est pas décelée, et un même risque si ce patient doit attendre plusieurs mois un rendez-vous chez son ophtalmologiste" prévient-elle. En ajoutant : "Les opticiens se montrent par ailleurs ‘frileux' : ils ne veulent pas forcément s'engager dans ce pouvoir et ne sont pas toujours favorables à devenir des passerelles entre le ‘soin vrai' et le patient".
"L'ophtalmologiste doit rester au sommet de la pyramide"
Ce sujet a été débattu lors du symposium européen organisé dans le cadre du Congrès, qui a réuni les représentants syndicaux français, espagnols, italiens, allemands et britanniques. "Bien que les pratiques soient très différentes d'un pays à l'autre, nous sommes tous d'accord : la délégation de tâches doit se faire sous la forme d'une structure pyramidale, au sommet de laquelle l'ophtalmologiste doit décider de la stratégie de diagnostic et de soins, en s'entourant de paramédicaux auxquels on aura attribué des compétences validées" insiste le Dr. Cochener.
Le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes) planche sur la question. "Notre but est d'occuper le terrain, et de proposer un certain nombre de coopérations, réalistes et acceptables par tous, qui nous conviennent. Et ce, avant qu'on nous les impose" anticipe le Dr. Jean-Bernard Rottier, son président, à propos des protocoles de coopérations prévus par la loi HPST. A l'occasion du Congrès de la SFO, celui-ci a réitéré son opposition à l'éventuelle reconnaissance de l'optométrie en France et a plaidé pour la mise en place de certaines délégations de tâches, comme l'adaptation de lentilles, vers les orthoptistes.