Les opticiens ne sont pas les seuls à être suspectés de fraudes. Depuis quelques jours, les pharmaciens en prennent aussi pour leur grade : 4 000 officines sont suspectées de minorer, grâce à un logiciel de comptabilité particulier, leurs recettes de parapharmacie à des fins de dissimulation fiscale. Les représentants de la profession s'insurgent contre cette affaire, largement médiatisée, qui jette l'opprobre sur l'ensemble du secteur.
L'affaire a éclaté dans le Gard, où la gendarmerie a découvert l'existence du logiciel incriminé après un contrôle fiscal réalisé en 2008 dans une pharmacie de Remoulins. Ce logiciel, édité par une société de Niort, permet "d'effacer" certaines ventes grâce à un code d'accès. Le procureur de Nîmes a déclaré que ce code aurait été demandé par 4000 officines, mais "ignore combien ont fraudé réellement". Les médias évoquent cependant une généralisation de l'arnaque et "un manque à gagner de 400 millions d'euros" pour le fisc.
Un seul cas entache toute la profession
L'Ordre des pharmaciens rappelle que pour l'instant, "un seul cas est avéré", et que "la pharmacienne fraudeuse a été condamnée en 2009 à six ans d'interdiction d'exercice". "Même si 4 000 pharmacies ont effectivement fait la demande de ce code informatique, cela ne constitue en aucun cas une preuve de fraude. Tous les porteurs d'armes ne sont pas des criminels" réagit Jean-Charles Tellier, représentant de l'organisation. Même défense au niveau local : "on ne me fera pas croire que 25% des officines fraudent. On nous calomnie" s'insurge Frédéric Abécassis, président de la Fédération méditerranéenne des syndicats pharmaceutiques.
Les syndicats suspectent une manipulation des médias
Alors que les pharmaciens négocient actuellement, avec le ministère de la Santé, la revalorisation de leur marge, les représentants de la profession suspectent un complot. Frédéric Abécassis évoque "des coïncidences pour le moins étranges", estimant que cette affaire "survient pour entraver les discussions en cours". Même suspicion du côté de Fabrice Amaioni, président du syndicat des pharmaciens des Ardennes : "je m'étonne que cette histoire, qui date de 2008, sorte maintenant. Ce n'est peut-être pas un hasard si elle éclate aujourd'hui" se méfie-t-il.
L'administration fiscale a porté plainte contre la pharmacie de Remoulins et l'éditeur du logiciel. Elle a déclaré avoir engagé "une action déterminée et spécifique pour lutter contre ces pratiques".
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