Pour traiter la DMLA, qui touche plus d'un million de personnes en France, il existe deux solutions : l'officielle baptisée Lucentis (laboratoire Novartis) et l'officieuse sous le nom d'Avastin (laboratoire Roche). Rappelons qu'en août 2012, le débat a fait rage autour de ces deux produits car la Direction Générale de la Santé a interdit l'utilisation de l'Avastin, traitement le moins cher (environ 30 euros contre plus de 1 000 euros par injection mensuelle pour le Lucentis) mais qui ne dispose pas de l'AMM (autorisation de mise sur le marché) dans le traitement de la maladie oculaire. Cependant, une récente étude française, comparant l'efficacité et l'innocuité des deux traitements, révèle que l'Avastin serait aussi efficace que le Lucentis.
Avastin vs Lucentis : une équivalence en termes d'efficacité
Le Groupe d'étude français comparant Avastin et Lucentis (Gefal) a été créé à la demande de l'Agence nationale pour la sécurité du médicament (ANSM). Financée par les pouvoirs publics et l'Assurance maladie, la recherche a été menée dans 38 centres médicaux de l'hexagone sur deux groupes de 250 patients de 79 ans de moyenne entre juin 2009 et novembre 2012. Ses résultats, dévoilés pour la première fois lors du 119ème congrès de la SFO (Société Française des Ophtalmologiste), ont montré « l'équivalence de l'Avastin vis-à-vis du Lucentis en termes d'efficacité (acuité visuelle) dans le traitement de la forme la plus agressive de DMLA, dite humide ». De plus aucune différence statistique sur la tolérance ou le nombre d'effets indésirables n'a été relevée par les chercheurs, qui préconisent une analyse plus fine sur les effets secondaires non oculaires. « L'objectif de cette étude est de faire réfléchir les ophtalmologistes, les autorités réglementaires et sanitaires sur les coût du Lucentis et des nouvelles molécules », explique Pr. Laurent Kodjikian, chef de service à l'hôpital Croix-Rousse à Lyon. Si les spécialistes se gardent bien de prendre position, ils soulignent que la décision est bien plus politique que médicale.
Avastin : entre économies pour la Sécurité sociale et conflit d'intérêts
Plus que pour prouver l'efficacité et l'innocuité de l'Avastin, l'étude Gefal a été réalisée afin d'inciter son fabricant, le laboratoire Roche, à mettre au point une formulation ophtalmologique de son médicament et à demander pour celle-ci une autorisation de mise sur le marché. L'utilisation de l'Avastin pourrait être à l'origine de nombreuses économies, notamment à la Sécurité sociale qui rembourse 100 % du Lucentis. Cependant, la distribution du « traitement officiel », qui a permis à Novartis de réaliser un CA de 2,4 milliards de dollars en Europe, est assurée outre-Atlantique par le laboratoire Roche qui en tire un CA de 1,56 milliard de dollars. Autrement dit, l'entreprise perçoit de l'argent provenant de Novartis, une entreprise concurrente, pour la vente du Lucentis. Financièrement, Roche n'aurait aucun intérêt à commercialiser un traitement moins cher qui entraverait une rentrée d'argent. Il se peut donc que la version ophtalmologique et l'AMM de l'Avastin soit retardé par un conflit d'intérêts.
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