La myopie touche de plus en plus d'enfants, notamment dans les pays industrialisés. Le développement de cette amétropie pousse les scientifiques à étudier les moyens d'éviter son apparition ou de retarder son évolution. Des chercheurs américains de l'Université d'Oklahoma ont ainsi mis au point un médicament limitant l'aggravation de la myopie, sous la forme d'un gel oculaire contenant de la pirenzépine. Cette substance, déjà utilisée comme inhibiteur des sécrétions acides de l'estomac, a été appliquée chez 53 enfants présentant une myopie modérée pendant deux ans. Celle-ci a augmenté en moyenne de 0,58 dioptrie, contre 0,99 dioptrie chez les 31 enfants témoins, traités avec un placebo.
Si cette différence peut paraître faible, ses conséquences sont réelles, un nouvel équipement étant généralement prescrit lorsque la myopie s'aggrave d'au moins 0,75 dioptrie. Au cours de l'étude, 37% des enfants traités avec le médicament ont du changer de lunettes, contre 68% des enfants traités avec un placebo.
L'étude, publiée dans le dernier numéro du Journal de l'Association américaine pour l'ophtalmologie pédiatrique et le strabisme, précise qu'une autre substance, l'atropine, produit les mêmes effets, mais avec des effets secondaires importants. A l'inverse, la pirenzépine serait bien tolérée : seuls 11% des enfants ont arrêté le traitement pour cause d'irritation. Des recherches plus poussées doivent encore être réalisées avant d'envisager une commercialisation, les conséquences à moyen et long terme restant pour l'heure inconnues.
Les enjeux d'un tel traitement sont considérables : la myopie concerne 15 à 20% des moins de 20 ans en France, et 70% des japonais. En 2020, elle pourrait toucher un tiers de la population mondiale.
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