Ce matin, à l'occasion d'une visite organisée au Centre Innovation & Technologie (CI&T) Essilor à Créteil, le directeur général d'Essilor France, Ludovic Mathieu, a déclaré : « aujourd'hui, il y a beaucoup d'informations qui voudraient que l'on voit l'avenir de façon morose, alors que nous sommes dans un Centre où l'innovation apportera plus et de meilleures solutions qui vont changer la vue de millions, voire de milliards de porteurs ! ».
Plutôt optimiste, Ludovic Mathieu y voit en effet « une vraie possibilité, pour le métier d'opticien, d'être tiré vers le haut et de maintenir notre industrie sur un chemin de croissance. »
Dans le détail, le directeur général d'Essilor France a souligné l'importance stratégique du CI&T « qui prépare les produits de demain, sachant qu'Essilor dépose 100 brevets par an et que 40% du chiffre d'affaires du groupe sont générés par des produits de moins de 4 ans », a-t-il précisé.
Mardi soir, le 20 mai, Ludovic Mathieu était présent sur le plateau de LCI dans l'émission économique « L'invité de l'éco » d'Emmanuel Kessler. Objectif de cette soirée consacrée à notre filière : mieux comprendre le prix des lunettes. Réagissant sur les conclusions de l'enquête de l'UFC-Que choisir, le directeur général d'Essilor France a estimé que « s'il y a des dérives avérées, il faut naturellement les combattre, en améliorant l'efficacité globale de la filière. Ceci étant, a-t-il poursuivi, est-ce que le projet du Gouvernement visant à limiter le remboursement des mutuelles apporte une réponse à ce qui est dénoncé ici par Que choisir ? Je ne le pense pas ».
Interrogé sur la marge dégagée sur les verres, Ludovic Mathieu a rappelé qu'« un verre de lunettes est quelque chose de complexe, fait sur-mesure et d'innovant. C'est ce premier élément qui fait le prix de vente. Ensuite, quand on parle du prix d'un produit, il faut nécessairement intégrer le travail de transformation de l'opticien, a-t-il souligné : (...) L'opticien est à la fois un commerçant mais également un auxiliaire de santé et un technicien qui va tailler le produit, le monter etc. Tout cela à une valeur... Et on n'omet aussi le taux de TVA en France qui est plus élevé que dans les autres pays européens. »
Il a par ailleurs insisté sur le fait que le taux de renouvellement en France étant l'un des plus bas d'Europe, cela signifie qu'« on achète mieux mais moins souvent ». Quant au plafonnement du remboursement des mutuelles, le directeur général d'Essilor France a jugé que cette mesure est précipitée, qu'elle vise à apporter une réponse rapide à l'opinion mais qu'elle n'a pas fait l'objet de la concertation requise avant. » Cela va « aboutir à des conséquences dramatiques pour la santé visuelle des Français (...) », a-t-il jugé.
Selon lui, le plus inquiétant vient du fait que « tout plafonnement, dans tout secteur économique, dans tous les pays du monde, aboutit mécaniquement à une baisse en gamme et en qualité ». Aussi préconise-t-il de « réunir ophtalmologiste, complémentaires santé, opticiens, industriels afin d'inventer un système pour que chacun ait accès au meilleur équipement pour lui, au meilleur coût. »
« Se dire qu'appuyer sur la tête de la distribution optique et qu'au final cela va aboutir à des résultats positifs pour le porteur, je pense que c'est un leurre et que c'est dangereux, avec des effets immédiats, industriels et économiques dès la sortie du décret ». Le plus grand risque étant, selon Ludovic Mathieu, que ce décret ouvre « un boulevard aux acteurs asiatiques qui n'attendent que ça pour s'implanter sur le marché français. » Et pour résister dans le temps, « il faut toujours être en avance sur le marché, comme nous le sommes avec notre verre Varilux », a-t-il conclu.
A lire : Centre Innovation & Technologie (CI&T) à Essilor Créteil