Le géant de l’optique américain VSP (Vision Service Plan) entre en action dans le secteur de la lunette connectée et travaille sur un produit qui « traquera » différents indicateurs de santé. Un outil plus qu’intéressant pour la société qui assure, via sa filiale VSP Vision Care, 72 millions de bénéficiaires à travers le monde (USA, Australie, Canada et Royaume-Uni) et bénéficie d’un réseau de 31 000 optométristes prestataires (VSP Retail Development).

Des lunettes connectées pour rester en bonne santé

Tout a commencé en 2015 quand un premier prototype a été mis en place par VSP en partenariat avec le centre de l'Université de Californie du Sud (USC). Objectif : permettre aux équipements optiques d’embarquer des outils numériques pour suivre l’état de santé des porteurs. Baptisées Level (Niveau en français, ndlr), les lunettes sont ainsi reliées par Bluetooth à une application Smartphone qui collecte, pour le moment, certaines données : temps d’activité, nombre de pas effectué chaque jours, vitesse de marche, calories brulées... Dans l’avenir, elles pourront même faire état du rythme cardiaque ou de la température du corps, annonce déjà VSP.

L’équipement a une autonomie de 3 jours. Le Bluetooth offre également la possibilité de retrouver plus facilement ses lunettes, sur le principe des Téou d’Atol dévoilées en septembre 2014 ou encore les « FindMe serie » d’iHuman nomminées au Silmo d’Or la même année. Les utilisateurs peuvent également se fixer des objectifs quotidiens à atteindre. Dès qu’un défi est relevé, des points sont attribués au porteur. Leur accumulation déclenche automatiquement des dons, via le programme solidaire VSP Global’s Eyes of Hope, qui offre des examens de vue et des équipements  aux personnes défavorisées. Côté monture, elles sont réalisées en collaboration avec Marchon, qui a intégré VSP en 2008.

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Vers une « assurance au comportement » ?

Une première étude auprès de consommateurs sera lancée en décembre prochain et verra participer 300 personnes. « Elle fournira une feuille de route cruciale pour valider de futurs produits et plates-formes, pour comprendre l'engagement global du consommateur en santé », souligne l’entreprise qui compte dévoiler les premiers résultats dès 2017.

Si VSP assure ne pas vouloir faire de profit sur les données récoltées, le lien éventuel entre cette nouvelle technologie et le rôle assurantiel de la firme pose toutefois des questions. L’assurance au comportement n’est officiellement plus un mirage ! Dès janvier 2015, le nouvel assureur santé américain Oscar donnait gratuitement à ses clients des montres podomètres pour les aider à suivre leurs performances : les utilisateurs qui atteignent leurs objectifs quotidiens en nombre de pas gagnent 1$. La récompense annuelle, en cash ou sous forme de bons cadeaux Amazon, peut même atteindre 240$.

Et en France ?

Cette approche, qui permet une meilleure gestion du risque pour l’assureur, a fait récemment son apparition en Europe. L’assureur Generali propose depuis le 1er juillet à ses clients allemands de payer leur contrat moins cher s’ils acceptent que leur hygiène de vie soit surveillée. Cette « assurance au comportement » sera également lancée en France prochainement mais sur un modèle adapté. Principalement implanté dans le collectif, l’organisme proposera sa nouvelle offre sur la base du volontariat aux entreprises et à leurs salariés. Mais « aucun lien ne sera fait entre la prime d'assurance et l'engagement dans ce programme », a affirmé Yanick Philippon, membre du comité exécutif en charge des assurances collectives chez Generali France au micro d'Europe 1.

Interrogée sur cette évolution de la complémentaire santé, Marisol Touraine a affirmé que « les assureurs n'auront pas accès aux données des patients ! » Elle s'est également dite défavorable aux prises en charge conditionnées par le comportement des assurés.