Ces dernières années, les italiens ont investi le segment de la lunetterie créateur pour faire face à un marché en mutation. Lors du Mido, nous sommes partis à la rencontre de 3 créateurs pour mieux comprendre leurs différentes approches.
Pour Nicola Del Din, président de Pramaor, « depuis 10 ans, le consommateur nord-européen s’intéresse à la technique et au design. Les entreprises nord-européennes ont anticipé avant tout le monde cette demande. N’étant pas expertes dans la fabrication, elles se sont focalisées sur le marketing et le design. A l’inverse, les producteurs italiens sont partis du produit pour arriver ensuite au design et au marketing ». Il explique la difficulté des italiens à « évoluer vers le design et le marketing qui sont aux antipodes de la production ».
Blackfin a connu, en 2015, une progression de 48% sur le marché internationale ainsi qu’une croissance de 30% du chiffre d’affaires. Depuis le début de l’année, l’augmentation est de 51% sur l’ensemble des marchés. « Nous sommes fiers d’arriver à ce résultat grâce notamment à notre présence sur le marché français », ajoute Nicola Del Din.
De son côté, Luca Pagani, designer Occhiali Privati, explique que « le changement opéré ces dernières années est surtout dû à Internet et aux réseaux sociaux. Grâce au web, chaque individu a une vitrine pour montrer sa différence. Nous devenons des personnages et nous avons besoin de nous démarquer des autres ».
« Après avoir analysé le marché, nous avons compris qu’il fallait se focaliser sur un produit différent si nous ne voulions pas faire faillite », fait savoir Adriano Lio, fondateur Lio. Et de poursuivre : « Nous avons observé que le consommateur est de plus en plus à la recherche de produits différents. Il veut rester lui-même. L’Italie a opéré tardivement ce changement. Les petites sociétés comme la mienne ont été un peu écrasées par les grosses entreprises italiennes qui sont des leaders au niveau mondial. C’est un peu comme la fourmi à côté d’un éléphant ».
Pour Adriano Lio, les créateurs italiens « ont eu le courage de changer grâce à la crise. C’est cette envie et ce sens de la débrouille qui rendent les entrepreneurs italiens différents des autres ».