« La myopie est un réel enjeu de santé visuelle », a confié à acuite.fr Vincent Daien, ophtalmologiste-pédiatre au CHRU de Montpellier et épidémiologiste à l'Inserm 1061, rencontré sur le stand Alain Afllelou au Silmo. Les chiffres sont parlants : aux Etats-Unis, la myopie est passée de 20 à 40% chez les jeunes américains tandis qu’en Asie, elle touche plus de 80% de la population. Comment expliquer cette épidémie ? Tout d’abord, le spécialiste met en exergue les facteurs génétiques : avec un parent myope, nous avons un risque multiplié par 2 de le devenir, et quand les deux le sont, la probabilité est accrue par 8. Autre cause : les facteurs environnementaux notamment la carence en lumière naturelle chez les enfants.
De plus, l’utilisation fréquente et répétée des Smartphones et des tablettes chez les plus jeunes « pourrait favoriser le développement de la myopie ». L'oeil de l'enfant est en pleine croissance jusqu’à 3 ans et l’ensemble des fonctions visuelles vont maturer jusqu’à l’adolescence. « Il faut donc éviter de passer des heures sur un écran dès l’âge de 2 ans », explique l’ophtalmologiste. Vincent Daien préconise également le dépistage dès le plus jeune âge afin de déterminer si l’enfant a besoin de lunettes. Car pour freiner l’évolution de l’amétropie, des solutions sont en cours d'évaluation comme les verres bifocaux et prismatiques qui diminuent les efforts accommodatifs, ou encore les lentilles d’orthokératologie.
« En France, nous manquons d’études épidémiologique pour déterminer la prévalence de la myopie que nous avons dans la population », souligne-t-il. Ce dernier craint « en 2050 un fort pourcentage de myopes » à équiper en lunettes et lentilles, mais aussi davantage de complications comme le décollement de la rétine, le glaucome et la cataracte précoce. « Ce sont des choses qu’il faut anticiper pour essayer de les prévenir et mettre des moyens pour agir en amont », conclut-il.