Utilisé hors AMM (autorisation de mise sur le marché, ndlr), la Direction Générale de la Santé (DGS) a demandé aux Agences Régionales de Santé (ARS) d'interdire l'utilisation de l'Avastin dans le cadre du traitement de la DMLA. Dans un communiqué du 30 juillet dernier, elle rappelle que « la loi du 29 décembre 2011, relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament, interdit la réalisation de préparations magistrales lorsqu'il existe déjà une spécialité pharmaceutique disposant de l'AMM », comme c'est le cas avec le Lucentis de Novartis. Un rappel qui a provoqué la colère des ophtalmologistes hospitaliers car la différence entre ces deux médicaments réside surtout dans le prix : une trentaine d'euros pour l'Avastin contre 800 à 1 200 euros par injection mensuelle pour le Lucentis. Pour le professeur Francine Behar-Cohen, qui travaille à l'Hôtel-Dieu de Paris, il existe également un danger pour la sécurité des patients. « Aujourd'hui, l'Avastin est préparé par notre pharmacien dans des conditions optimales de sécurité. Si, demain, on nous oblige à utiliser le Lucentis, on devra demander au patient d'aller l'acheter lui-même dans une pharmacie de ville et de l'apporter à l'hôpital le jour de l'injection. S'il ne respecte pas bien la chaîne du froid, cela posera un problème de sécurité », explique-t-elle au journal La Croix.
Marisol Touraine s'en mêle puis esquive
Alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est déclarée en faveur d' « une extension de l'autorisation de la mise sur le marché de l'Avastin et du réexamen du prix du Lucentis afin de préserver les impératifs de sécurité sanitaire tout en garantissant l'accès aux traitements », elle est revenue sur ses propos le 1er août dernier. Elle a en effet estimé que « c'est au laboratoire Roche, qui commercialise l'Avastin, de demander son AMM » dans le cadre du traitement de de la DMLA. Une demande qui a très peu de chances de voir le jour car, depuis 2009, Roche est propriétaire du laboratoire qui a mis au point la molécule contenue dans les deux médicaments. L'entreprise perçoit donc de l'argent provenant de son utilisation par Novartis, une entreprise concurrente. Financièrement, Roche n'aurait aucun intérêt à commercialiser un traitement moins cher qui entraverait une rentrée d'argent provenant des ventes du Lucentis.
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