L'UDO a présenté ce matin les résultats d'une étude publiée par l'ECOO (Conseil européen de l'optique et de l'optométrie), qui compare la « délivrance des soins optiques de première ligne » en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Réalisée par le professeur Jürgen Wasem (Université allemande de Duisburg-Essen), elle constate que, dans notre pays, l'ophtalmologiste a le « monopole » de ces soins de première ligne (prescription, adaptation de lentilles, « bobologie »). En Allemagne, ils sont partagés entre l'ophtalmologiste et l'opticien-optométriste (4 à 8 ans d'études). En Grande-Bretagne, ils sont exclusivement à la charge de l'optométriste (3 ans d'études), l'ophtalmologiste se consacrant entièrement à la chirurgie.
Un optométriste coûte presque 10 fois moins cher qu'un ophtalmo
« La France est le seul pays où il faut attendre pour une ordonnance de lunettes ou de lentilles », regrettent Henry-P. Saulnier, président de l'UDO, et Jean-François Marinacce, délégué de l'UDO à l'ECOO, faisant référence aux délais de rendez-vous chez les ophtalmologistes. Le syndicat évoque deux pistes : « soit on double le nombre d'ophtalmologistes, soit on transfère des compétences aux optométristes ». En termes d'économie, la seconde solution lui semble plus « logique » : la formation d'un optométriste coûte 40 000 à 50 000 euros, contre 300 000 à 360 000 euros pour un ophtalmologiste. « C'est pourquoi la plupart des pays européens a fait le choix de l'optométrie, sans préjudice pour la santé visuelle des patients », argumente l'UDO. Cela diminuerait aussi le déficit de la Sécu. « En 2009, elle a remboursé 600 millions d'euros de consultations d'ophtalmologistes. 37% d'entre elles - soit 222 millions d'euros - concernent des prescriptions de lunettes ou de lentilles. Autoriser les opticiens-optométristes à pratiquer eux aussi ces tâches représenterait au moins 150 millions d'euros d'économies pour l'Assurance maladie », calcule l'UDO.
Un système « opérationnel immédiatement »
Le syndicat défend une optométrie française calquée sur le modèle allemand, avec une formation des optométristes construite sur celle des opticiens. « Ceux-ci pourraient prescrire des lunettes et adapter des lentilles pour les adultes, en complémentarité avec les ophtalmologistes, mais n'effectueraient pas de dépistage. On ne veut pas réduire le périmètre de l'ophtalmo, mais proposer une alternative aux délais d'attente. Ce système serait opérationnel immédiatement, car 2 000 et 3 000 optométristes sont disponibles en France. Il est aussi en phase avec les attentes des opticiens : la moitié des diplômés suit des formations post-BTS. Cela nécessitera cependant un haut niveau de régulation, et devra aller de pair avec une obligation de formation continue pour ces opticiens-optométristes », précise Jean-François Marinacce.
Le syndicat se donne pour mission de sensibiliser les élus. Dans ce but, le rapport Wasem sera présenté à l'Assemblée nationale début 2012.
Voir aussi notre débat TV : Des « super-opticiens masterisés » pour pallier le manque d'ophtalmo ? L'émission et sa synthèse