Profession

Débat TV : Des « super-opticiens masterisés » pour pallier le manque d'ophtalmo ? L'émission et sa synthèse

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Le Studio TV Acuité Silmo revient sur les rapports parlementaires qui préconisent l'attribution de prérogatives supplémentaires aux paramédicaux qui pousseront leur formation jusqu'au master. Comment décliner cette hypothèse dans les métiers de la santé visuelle ? Qu'en pensent les prescripteurs ?

 

Avec :
Dr Thierry Bour, représentant du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France)
Jean-François Marinacce, représentant de l'UDO (Union des opticiens)
Olga Prenat, Directeur de l'ICO (Institut et centre d'optométrie de Bures-sur-Yvette)
Philippe Verplaeste, Président de l'AOF (Association des optométristes de France)

 

Synthèse du débat : « Des « super-opticiens masterisés » pour pallier le manque d'ophtalmo ? »

En février 2011, le député Laurent Hénart a publié, à la demande du ministère de la Santé, un rapport relatif aux métiers de santé de niveau intermédiaire. Celui-ci formule trois pistes pour améliorer l'efficience du système de soins français : renforcer les professions existantes (dans notre secteur, les opticiens et les orthoptistes), développer les formations complémentaires et les protocoles de coopération entre professionnels de santé et créer quelques nouveaux métiers. Pour l'UDO et l'AOF, l'application de ces préconisations pourrait déboucher à terme sur l'attribution de nouvelles prérogatives pour les opticiens titulaires du master, donc qualifiés en optométrie. Selon le premier, ces opticiens « masterisés » seraient tout à fait aptes à « prescrire » des lunettes et des lentilles (ce qui n'est d'ailleurs pas considéré comme un acte médical dans les autres pays européens), notamment dans les zones sous-dotées en ophtalmologistes. Pour le second, leurs tâches devraient intégrer en plus, le dépistage de certaines pathologies oculaires. Mais les ophtalmologistes ne l'entendent pas de cette oreille : leur syndicat plaide pour des délégations de tâches vers les orthoptistes (sous contrôle du médecin), qui sont de plus en plus nombreux (+40% en 10 ans), et dont une partie de la profession s'effectue en milieu médical.

Les préconisations du rapport Hénart s'articulent sur la mise en oeuvre du processus de Bologne, qui prévoit d'intégrer la formation des professions paramédicales au système LMD (licence, master, doctorat). Initialement prévue pour la rentrée 2012, cette réforme sera retardée pour les opticiens : aucune date n'a été pour l'instant arrêtée. Elle s'accompagnera d'une « réingénieurie » du référentiel de la formation (pourquoi pas sur la base de la licence d'optique professionnelle existante ?, suggère l'UDO). L'UDO et l'AOF plaident pour une évolution de la formation d'opticien au niveau Bac + 3. La formation « d'optométriste » (bac +5) pourrait quant à elle être élargie à plusieurs universités et harmonisée sur la base du diplôme européen. Côté ophtalmologistes, on interprète différemment cette idée de master, qui ne « serait pas une continuité du diplôme d'opticien mais une formation ouverte à plusieurs professions paramédicales pour devenir par exemple cadre de santé ».

La filière de santé visuelle devrait bientôt voir apparaître les premiers TASO (technicien assistant en soins ophtalmologiques) : il s'agira d'infirmières, d'aides-soignantes ou de secrétaires médicales qui passeront un CQP et qui effectueront, en cabinet, diverses tâches (mesure d'acuité, utilisation de l'autoréfractomètre...). Peut-on confier ce type de mission à des opticiens qui travailleraient sous l'autorité de l'ophtalmologiste ? Ce procédé de « l'opticien salarié » est déjà utilisé de manière marginale (par moins de 100 ophtalmologistes en France, avec des opticiens essentiellement titulaires du master). Il ne devrait cependant pas se développer, car il se heurte à l'opposition de la plupart des ophtalmologistes et des orthoptistes.

A ce jour, le développement et la reconnaissance de l'optométrie en France sont bloquées par le gouvernement, mais l'UDO et l'AOF assurent que la volonté politique (des élus) existe. Ils misent sur un éventuel changement de gouvernement en 2012 pour accélérer le processus, et convaincre les ophtalmologistes qui freinent des quatre fers.

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