Safilo compte sur les griffes pour bloquer les concurrents asiatiques... mais aussi les italiens Luxottica et Marcolin. En se portant acquéreur de griffes de luxe (Gucci, Dior,…) dans les années 90, Safilo a réussi à mettre d’accord les géants français du secteur : PPR et LVMH. En mai dernier, c’est Armani qui a quitté le giron de Luxottica pour Safilo.
Grâce à cette stratégie, Safilo s’apprête à boucler l’année 2003 avec un chiffre d’affaires consolidés d’1 milliard d’euros. La dernière licence annoncée est celle de Boucheron. Safilo lutte ainsi pied à pied avec les chinois de Moulin international et ses compatriotes italiens Luxottica (qui reste le premier producteur mondial et a acquis la licence Prada en juillet), Marcolin (qui a acquis Montblanc et distribuera Timberland en 2004) et De Rigo.
Si Safilo est toujours limité dans ses possibilités d’acquisitions depuis le rachat de l’ensemble des parts du groupe et le retrait du titre à la bourse de Milan en 2001, le Président du groupe, Vittorio Tabacchi, déclare que « pour un bon projet, on peut toujours trouver de l’argent. Toutefois, nous n’achèterons jamais un distributeur d’optique. Nous sommes des fabricants et nous le resterons.»
La stratégie de développement de Safilo est simple et repose sur l’acquisition de licences de prestige, qui permettent de développer le chiffre d’affaires et surtout de tenir à distance les concurrents chinois. « Au début, je les avais sous-estimés », avoue Vittorio Tabacchi, qui regrette presque de ne pas s’être porté acquéreur de Metzler international, aujourd’hui entré dans le giron du géant chinois Moulin international, holding de Hong-Kong. Moulin international a acquis deux sociétés italiennes cette année : Filos et United optical. Puis, à la mi-octobre 2003 Metzler international Italie a racheté Nigura Optik, filiale de Rodenstock (marques Reebok, Feraud, Nigura et Enjoy). Si ces marques n’ont pas le prestige de Gucci, Armani ou Dior, Safilo reconnaît que « les chinois ont progressé en termes de qualité de production, mais ils n'ont pas la distribution ». Safilo a toutefois mis un pied en Chine, via un accord avec deux des plus importants producteurs de Shenzen, mais Vittorio Tabacchi assure qu’il continuera à produire les griffes dans ses établissements en Italie et en Autriche.
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