Suite à la publication de la proposition de loi du groupe socialiste visant à autoriser les mutuelles à pratiquer les remboursements différenciés, le SynOpe (Syndicat des opticiens sous enseigne) se place « au-delà des intérêts corporatistes ». Il estime que « les problèmes d'accès aux soins doivent guider notre réflexion et nos propositions ».
« Construire intelligemment par la voie de la négociation »
« Les complémentaires santé remboursent 50% des frais d'optique. Elles sont aujourd'hui incontournables et il faut être réaliste. Nous préconisons une grande concertation entre les pouvoirs publics, les Ocam, les ophtalmologistes et les opticiens pour répondre aux enjeux de la santé visuelle. Notre syndicat veut construire intelligemment, en négociant. Il vaut mieux dialoguer et essayer de réglementer les réseaux plutôt que s'y opposer frontalement », nous a expliqué son président Christian Roméas, que nous avons contacté. Quant aux « opticiens pas pigeons » (5 500 membres), qui se regroupent sur Facebook pour dire « non » aux réseaux, « ils mélangent un peu tout et font des déclarations dangereuses qui peuvent être dommageables », estime-t-il.
« Développer de nouvelles délégations de compétences »
Notre secteur est confronté à une « double problématique » qui met en danger la santé visuelle des Français, relève le SynOpe : un reste à charge important pouvant conduire à reporter ou à renoncer à l'achat d'un équipement optique, et un accès à l'ophtalmologiste de plus en plus difficile. Pour y répondre, le syndicat préconise :
- « de développer de nouvelles délégations de compétences entre les ophtalmologistes et les opticiens (ce que vient de suggérer le ministre de la Santé, Marisol Touraine, ndlr)
- d'avoir le courage, avec les pouvoirs publics et les OCAM, de trouver une solution efficiente pour notre système de protection sociale, afin de permettre l'accès à la santé visuelle pour tous. »
Le syndicat souligne que 45% des frais d'optique constituent le reste à charge assumé par les patients. Mais « si l'on analyse au réel ce qui doit être identifié comme reste à charge, il faut considérer le prix de l'équipement, auquel s'ajoute le prix de la cotisation de couverture santé complémentaire dédiée à l'optique, les coûts financiers éventuels (crédits) moins le montant effectivement remboursé ». Le SynOpe se dit « prêt à identifier un système qui permettrait de répondre à cette préoccupation prioritaire d'accès aux soins. Si la santé n'a pas de prix, il est incontestable qu'elle a un coût, qui à notre sens ne peut être supporté par un seul acteur. Les efforts doivent être partagés afin de maintenir l'équilibre de notre système garantissant la liberté et l'égalité d'accès à des soins de qualité. »
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