Un projet embryonnaire de norme de l'Afnor prévoit de remettre en usage certains dispositifs médicaux. Peu renseigné sur la réalité du marché de l'optique, l'Afnor s'appuie sur les connaissances d'acteurs de notre filière.

Informer les pouvoirs publics sur les particularités des montures optiques

lucie_redonnet_deleguee_generale_synom_synam.pngAfin d’apporter leur point de vue et expertise à ce projet, des acteurs de la filière sont entrés en contact avec l’Afnor et la Direction de la Sécurité Sociale. C’est le cas du Synom (syndicat national des centres d'optique mutualistes), d’Écouter Voir et de Zac. « Nous avons échangé à plusieurs reprises avec la DSS sur ce sujet », indique Lucie Redonnet, déléguée générale du Synom et du Synam. Le syndicat partage le principe d’une normalisation du reconditionnement afin de garantir la qualité des montures. Le produit remis en état doit rendre un service équivalent à un produit neuf, avec un SAV équivalent ».

« Le reconditionnement des montures constitue un enjeu pour tous les opticiens qui souhaitent proposer une offre éco-responsable à prix abordable. Nous espérons également un effet vertueux sur une partie des montures neuves. En effet, savoir que sa monture est de suffisamment bonne qualité pour être reconditionnée et bénéficier à plusieurs porteurs peut séduire de nombreux clients, que ce soit pour des raisons écologiques ou solidaires ».

Définir le cadre règlementaire pour les montures optiques 

Néanmoins, certains points du projet de norme actuellement débattu sont difficilement applicables à l’optique, selon le Synom, qui appelle à leur adaptation :

« Le projet de traçabilité des produits est problématique car il est prévu qu’elle débute à la fabrication des montures. Lors de la collecte des lunettes usagées, des données comme la marque ou l’origine du produit se perdent, ce qui les exclurait. Nous proposons de commencer la traçabilité à partir de l’arrivée au centre de tri et une fois le produit admis dans le process de reconditionnement. Le centre de tri homologué deviendrait responsable de la traçabilité du produit remis en état, et non plus les fabricants ».

« Au regard des volumes traités, au moins 5 millions de montures chaque année, il nous apparaît nécessaire que l’ensemble des étapes normées débutent en aval d’un premier tri qui amène à écarter jusqu’à 50% des montures réceptionnées.

On estime en effet aujourd'hui qu'environ 50% des montures receptionnées seraient reconditionnables. Les montures non retenues seraient redirigées vers les circuits de recyclages traditionnels ».

Un sujet de filière

Le sujet de la seconde main en optique est sur la table, reste à en définir le cadre règlementaire. Pour le Synom, « c’est de la responsabilité de la filière de proposer un cadre à la fois sécurisé et adapté à nos produits. Et de préférence dans des centres homologués situés en France. Bien entendu, nous n’appelons pas à rendre obligatoire une offre de montures reconditionnées, mais bien d'offrir aux opticiens cette possibilité en toute sécurité règlementaire, sanitaire et qualitative ».

 

arthur_havis_ecouter_voir.pngPour Arthur Havis, DG de Écouter Voir, « il faut définir sur la base de quel cahier des charges il sera possible de labelliser les entreprises qui ont le droit de remettre en état les lunettes. Il faut que les règles soient claires pour que tous les acteurs s’y retrouvent. Aujourd’hui, les solaires reconditionnées par Zac et distribuées par Écouter Voir depuis quelques mois se vendent très bien. Les clients peuvent ainsi acquérir des montures de marque et de bonne qualité avec un prix bas. Cette offre nous donne la possibilité de mesurer la matûrité du marché pour accueillir la monture reconditionnée, et il l’est. Nous avons de plus en plus de centres Écouter Voir qui souhaitent à leur tour proposer les solaires de Zac. À la filière d’imaginer maintenant que faire des anciennes montures optiques : on pourrait tout à fait imaginer remettre en état les montures de qualité et recycler les entrées de gamme ».

 

Une réunion a eu lieu hier avec l’Afnor et la DSS pour avancer sur le projet. Le Synom et le groupe Optic 2000 étaient présents pour représenter la filière optique. Pour Optic 2000, le projet actuel ne concerne pas les lunettes. L'enseigne nous a indiqué qu'elle restait attentive à l'évolution du cadre règlementaire et se tient à disposition des pouvoirs publics pour échanger.