Demain 15 novembre, les sénateurs examineront l’amendement gouvernemental au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2007. Celui-ci vise notamment à autoriser le renouvellement des lunettes sans ordonnance par les opticiens, dans un délai de trois ans après la prescription par un ophtalmologiste. Cette possibilité concernera les porteurs de plus de 16 ans, à la condition que le défaut visuel n’est pas fortement évolué.
Du côté de la Fnof (Fédération Nationale des Opticiens de France) et du Synope (Syndicat des Opticiens sous Enseigne), on se satisfait de l’évolution du dossier. Alain Gerbel, président de la Fnof, a déclaré sur Europe 1 que cette réforme représente une "reconnaissance pleine et entière de la profession. Elle permettra de libérer du temps pour les ophtalmologistes, et les opticiens pourront travailler sereinement, dans un cadre légal".
Dans un communiqué commun envoyé à notre rédaction aujourd’hui, la Fnof et le Synope se réjouissent de cette "avancée pour les professionnels et de la confiance qu’accordent les instances politiques à la profession" et précisent qu’ils expliqueront la réforme "en temps utile à partir d’éléments définitifs et officiels".
L’UDO (Union des Opticiens) considère quant à elle cette réforme comme un "progrès en trompe-l’œil". "Il serait étonnant que les complémentaires santé laissent s’envoler les dépenses de renouvellement" nous a déclaré Alain Bach, le porte-parole de l’organisation, en ajoutant : "nous espérons que rien n'est figé et que cette réforme ne sera pas validée en l'état, notamment pas en l'échange de contrepartie sur la contactologie ".
Selon Philippe Verplaeste, le président de l’AOF (Association des Optométristes de France), "l’éventuelle interdiction d’utiliser des lampes à fente serait un véritable recul. Alors que les autres pays accordent davantage de compétences aux opticiens, la France, elle, rétrograde".
Le Snof (Syndicat national des Ophtalmologistes Français), se satisfait quant à lui de l’éventuelle adoption de ces nouvelles mesures. Selon son président le Dr Jean-Luc Seegmuller, que nous avons contacté, "elle permettra une meilleure coordination du travail des professionnels de la vision. Le texte soumis au Parlement est cependant très général et les détails de son application devront être clairement définis par décret. En effet, il ne faut pas réduire les amétropies à un problème de lunettes. Nous souhaitons que l’opticien qui s’aperçoit d’une évolution importante d’un défaut visuel avertisse le prescripteur, seul habilité à effectuer un diagnostic ou encore du dépistage. Il y aura également des difficultés à vérifier si ces nouvelles règles seront correctement observées". Il estime en outre que l’adaptation de lentilles a toujours été "un acte médical" et qu’une éventuelle interdiction d’utiliser les lampes à fente ou les kératomètres ne changera rien à la situation actuelle : "nous ne voyons aucune objection à ce que les opticiens adaptent les lentilles si cela est fait d’une façon articulée avec les ophtalmologistes. Nous attaquons à l’inverse en justice ceux qui pratiquent l’adaptation sans coordination avec nous".
Nous avons enfin interrogé Marianne Binst, la directrice du réseau Santéclair. Elle juge que l’éventuel renouvellement de lunettes sans ordonnance "va dans le bon sens" mais "reste une mesure limitée", car elle ne s’appliquera que dans le cas d’un changement faible, voire nul, des troubles de la vision. Elle estime en outre "scandaleuse" la possible interdiction de l’adaptation de lentilles. "Un opticien sur deux utilise des appareils, et ça se passe très bien. La pratique non rémunérée de la réfraction est déjà une concession, ce n’est pas la peine d’en faire d’autres" s’insurge-t-elle.
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