La province canadienne de l'Alberta est depuis plusieurs années confrontée à une pénurie sérieuse d'ophtalmologistes (1 spécialiste pour 30 000 habitants). Comme en France, ce déficit allonge considérablement les délais de consultation pour les patients et accroît la difficulté de l'accès aux soins. Pour contrer ces conséquences dommageables, le gouvernement de l'Alberta a décidé de confier aux optométristes (dont la profession est reconnue au Canada) de nouvelles compétences, incluant le traitement des pathologies oculaires des personnes âgées de 19 à 64 ans. Les optométristes bénéficient déjà de cette prérogative dans certains pays, notamment en Grande-Bretagne et dans certains Etats américains. Jusqu'ici en Alberta, le rôle des optométristes se limitait aux examens de vue et au seul diagnostic des maladies de l'oeil.
Pour la Société d'Ophtalmologie de l'Alberta, cette décision représente un risque pour la santé publique. Elle estime en effet que les optométristes, titulaire d'un diplôme sanctionnant 4 années d'études après le baccalauréat, ne sont pas suffisamment qualifiés pour le traitement des maladies de l'oeil. "Nous souhaiterions que soient fixées des conditions précises pour l'exercice de ces nouvelles compétences, et rien n'a été établi. Nous n'avons pas été consultés. Le gouvernement devrait plutôt prendre des mesures pour accroître le nombre d'ophtalmologistes", dénonce le Docteur Gary Chornell, Directeur exécutif de l'organisation.
A l'inverse, l'Ordre des Optométristes salue la décision du gouvernement, estimant que ses membres disposent des qualifications nécessaires. "Cela fait 12 ans que nombre d'entre eux pratiquent ces actes pour les patients lassés d'attendre et prêts à renoncer au remboursement de la Sécurité sociale", explique-t-il en ajoutant que "les ophtalmologistes craignent avant tout une chute de leurs revenus".
Pour encadrer le transfert de compétences vers les optométristes, des ophtalmologistes préconisent de vérifier au préalable leurs aptitudes. Mais ces contrôles risquent d'être radicalement refusés par les optométristes, et par le gouvernement qui vise avant tout un désengorgement rapide des salles d'attente. En effet, il y a quelques jours, les autorités n'ont pas cédé aux revendications des médecins qui contestaient le nouveau droit de prescription récemment acquis par les pharmaciens.
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