Développé depuis plus d'un an par la société allemande Retina Implant AG, le dispositif Alpha IMS est une micro-puce de 3x3 mm² dotée d'une grille de 1 500 électrodes, qui agit en simulant la fonction des photorécepteurs situés dans l'oeil. Il est constitué de trois éléments. L'implant subrétinien, tout d'abord, qui vient se loger directement derrière la rétine du patient. On trouve ensuite un câble fin, connecté à un petit appareillage placé sous un pli de peau derrière l'oreille utilisant une technologie sans fil externe, qui transmet les impulsions captées par l'implant jusqu'à une puce située à l'intérieur du crâne. Cette puce, sensible à la lumière, est directement branchée au nerf optique de l'individu et se charge de retranscrire tous les signaux captés par l'implant en un signal spécifique facilement décodable par le cerveau. Enfin, l'énergie est transmise par ondes et par l'intermédiaire d'un boîtier qui doit nécessairement rester à proximité de la puce.
Le dispositif Alpha IMS a démontré sa capacité à restaurer une vision partielle chez les personnes non-voyantes depuis plusieurs années, en leur permettant de percevoir la lumière, de détecter les mouvements, de lire du courrier et d'effectuer des tâches quotidiennes grâce à une amélioration de leur acuité visuelle.
Retina Implant AG, a présenté, à l'occasion du World Ophthalmology Congress de Tokyo, les résultats de l'essai clinique multicentrique engagé auprès de 40 patients atteints d'une cécité causée par une rétinite pigmentaire (RP). Tous ont bénéficié de la technologie d'implants Alpha IMS. La majorité des personnes concernées a constaté une amélioration globale de la vision fonctionnelle, témoignant notamment d'une capacité à reconnaître les visages, à distinguer des objets de taille moyenne tels que les téléphones, ou à lire des signaux de portes.
« Le dispositif Alpha IMS constitue un exemple réussi des solutions de traitement novatrices que les ophtalmologistes sont impatients d'utiliser dans la pratique clinique », a indiqué le professeur Eberhart Zrenner, docteur en médecine, qui a créé Retina Implant AG en 2003. L'entreprise de Tübingen, premier développeur d'implants sous-rétiniens pour les patients malvoyants et non-voyants, a débuté la pose sur des patients humains en 2005. Elle a obtenu le marquage CE pour la technologie d'implant sous-rétinien sans fil Alpha IMS en juillet 2013.
Le dispositif conçu par Retina Implant AG constitue une nouvelle étape dans la mise au point des prothèses rétiniennes pour le traitement de la cécité, après le développement de l'Argus II Retinal Prothesis System de la société californienne Second Sight. Testé à partir de 2008 par les équipes du professeur José Sahel, à l'hôpital des Quinze-Vingt à Paris, l'Argus II constituait déjà la seconde génération d'implants rétiniens électroniques. Il a reçu l'aval des autorités sanitaires européennes en 2011 et a obtenu cette année le Forfait Innovation délivré par le ministère des Affaires sociales et de la Santé. Grâce à ce label, le dispositif pourra être remboursé par la Sécurité sociale.
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