Catherine de la Boulay, présidente de l'Union Des Opticiens (UDO)
« A l'UDO, nous sommes favorables à tout ce qui permet de fluidifier l'accès aux soins oculaires des Français. Nous sommes donc favorables à la délégation de tâches qui doit répondre aux besoins de nos concitoyens. Nous sommes également favorables à l'amélioration de la formation initiale des opticiens vers un cursus en 3 ans dans un premier temps, puis à envisager des études de 5 ans.
En revanche, nous restons très prudents sur la façon que ce projet de loi -dont nous ignorons encore le contenu exact- a de médicaliser une partie de l'activité de l'opticien pour en faire, demain, un « opticien-orthoptiste ». La position de l'UDO à ce sujet est très clairement de faire évoluer la formation de l'opticien vers un métier d'« opticien optométriste » à Bac +5, mais toujours en bonne interaction avec les autres professionnels que sont les orthoptistes et les ophtalmologistes. Nous souhaitons rester dans la partie examen de vue et appareillage, mais sans intervenir sur la partie médicalisée (dépistage, prévention etc.). Nous prônons donc le développement des compétences des opticiens, mais nous sommes fermement opposés à la création d'« opticiens-orthoptistes » qui seraient liés à des cabinets médicaux. Ces derniers étant, de fait, amenés à diminuer en nombre parce que les ophtalmologistes se regroupent de plus en plus dans des cabinets pluridisciplinaires, or cela ne répond pas aux besoins des Français. »
Alexandra Duvauchelle, déléguée générale du Syndicat des Opticiens Entrepreneurs (Synope)
Contactée par la rédaction d'Acuité, Alexandra Duvauchelle n'a pas encore réagi.
Alain Gerbel, président de la Fédération national des opticiens français (Fnof)
« je n'ai rien à penser d'un texte qui n'est pas encore publié. On en reparlera quand il franchira les obstacles et en particulier le jour où il sera mis en ligne sur le site du Sénat » [Selon nos informations, le texte de loi sera sur le site web du Sénat demain, voire lundi, ndlr].
Laurent Milstayn, président de Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO)
« Nous n'avons pas encore pu lire le texte dans son intégralité. Nous avons été sollicités et auditionnés par l'attaché parlementaire du sénateur Ronan Kerdraon, ce qui nous a permis de lui soumettre nos propositions visant à réformer notre filière visuelle afin qu'elle soit réorganisée autour du métier socle d'orthoptiste. L'un des buts étant de désengorger les cabinets d'ophtalmologistes... Nous préconisons également que la formation des orthoptistes soit reconnue au niveau Master. Telle que présentée, la PPL du sénateur prône d'ailleurs la création du métier « d'orthoptiste-optométriste », mais il faut souligner qu'il s'agit d'un orthoptiste doté d'une surqualification en optométrie, l'inverse n'étant pas possible dans la mesure où un optométriste a une compétence instrumentale, mais pas clinique comme les orthoptistes. »
Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof)
« C'est une proposition de loi qui vise à copier le système anglais avec des commerciaux en première ligne et des ophtalmologistes en deuxième recours. C'est une mutation risquée pour laquelle il n'y a eu aucune étude d'impact ni économique ni médicale. Cette proposition de loi est dangereuse et si le sénateur Kerdraon accepte un jour de nous rencontrer nous lui expliquerons pourquoi. »
Philippe Verplaetse, président de l'Association des Optométristes de France (AOF)
« Je n'ai pas encore lu le texte mais les conversations que nous avons eu avec les attachés parlementaires étaient constructives. Ouvrir la formation aux orthoptistes est une idée qui me convient et passer celle des opticiens à trois ans est une bonne chose. Ce qui me gêne, c'est la terminologie : l'optométrie est une profession non réglementée alors qu'à contrario l'orthoptie l'est. Dans le nom d' « orthoptiste-optométriste », on pourrait croire que ce sont les orthoptistes qui deviennent des optométristes. Je pense qu'il serait beaucoup plus simple de se baser sur le modèle international avec la nomination de l'optométriste et préciser que les formations sont ouvertes aux orthoptistes et aux opticiens.
Toutefois, qu'on établisse un statut et une réglementation de la profession, qui soit ouvert aux opticiens et aux orthoptistes, me convient parfaitement. Cela fait deux ans que je le propose au Gouvernement. D'ailleurs, les formations existantes en optométrie sont déjà ouvertes aux orthoptistes. Pour le cursus de formation, je préférais que ça se fasse en Fac de sciences. Sur le fond, nous sommes donc favorables si bien sûr les propos tenus sont respectés ».