Après la lourde amende de 180 millions d'euros infligée par l'Autorité de la concurrence italienne à Roche et Novartis, c'est au tour de l'Autorité de la concurrence française de s'attaquer aux deux laboratoires. Dans un communiqué officiel, elle annonce « que des opérations de visite et saisie inopinées ont été réalisées le 8 avril dans le secteur de la commercialisation de traitements contre la DMLA ». Dans le détail, les entreprises visées sont « suspectées d'avoir mis en oeuvre des pratiques anticoncurrentielles ».
Comme le suggère le Bureau européen des Unions de Consommateurs (Beuc), l'une des principales questions dans cette affaire concerne l'existence ou non d'une entente afin de « bloquer la vente d'un traitement oculaire moins cher [l'Avastin, ndlr] que celui actuellement sur le marché [le Lucentis, ndlr] ». Pour mémoire, les deux molécules sont issues du même laboratoire, Genentech. Ce dernier a cédé ses brevets pour le bévacizumab (Avastin) à Roche, qui l'a destiné dans un premier temps à la prise en charge de certains cancers, digestifs notamment. Novartis a lui acquis les droits du ranibizumab (Lucentis) qui dispose d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement de la DMLA. A noter que Genentech appartient à 100% à Roche, chez qui Novartis détient 33,3% des droits de vote.
Des généralistes exhortent Hollande à autoriser l'Avastin
Pendant que la justice poursuit son oeuvre, le Syndicat de la Médecine Générale (SMG) s'est fendu d'une lettre ouverte au président de la République pour réclamer une Recommandation Temporaire d'Utilisation (RTU) visant l'Avastin en remplacement du coûteux Lucentis. Il y dénonce « un pillage à grande échelle, aussi éhonté qu'organisé (...) de la Sécurité sociale, par certains groupes, bénéficiant (...) de la complicité agissante des plus hautes autorités sanitaires de ce pays. » Pour l'organisation professionnelle, qui rappelle que le Lucentis a coûté à l'Assurance maladie 500 millions d'euros en 2013, « l'intérêt d'obtenir cette RTU présente aussi un bénéfice majeur du côté des malades, en termes d'efficacité du produit mais surtout sur le plan financier. »
Rappelons que début mars, Marisol Touraine, annonçait aussi vouloir autoriser la prescription de l'Avastin en ophtalmologie. Notre ministre de la Santé confirmait avoir transmis au Conseil d'Etat un projet de décret pour permettre son utilisation dans le cadre de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). (Lire notre news : Marisol Touraine veut réaliser des économies en autorisant la prescription de l'Avastin contre la DMLA du 12/03/2014)