Cette année, 2 480 jeunes ont obtenu leur BTS Opticien-Lunetier. En 5 ans, plus de 10 000 nouveaux opticiens sont ainsi arrivés sur le marché. Des grands acteurs de la distribution optique analyseront l'impact réel de cette augmentation du nombre de diplômés sur l'activité des magasins et exposeront les solutions envisageables pour limiter ses conséquences négatives.
Sous l'écran, la synthèse écrite de ce débat
Avec :
• Bruno Gerbi, opticien Optic 2000
• Thibaut Pichereau, Directeur Technique et Formation, Atol
• Olga Prenat, Directeur de l'ICO (Institut et centre d'optométrie de Bures-sur-Yvette)
• Jean-Luc Sélignan, Président du Club Optic Libre
• Alexis Wargon, opticien indépendant
Synthèse du débat : « 10 000 diplômés en 5 ans : le marché peut-il les absorber ? »
Cette année, 2 480 nouveaux diplômés du BTS OL sont arrivés sur le secteur, s'ajoutant aux quelque 7 500 « sortis » depuis 5 ans. Cette « inflation » est corrélée à celle du nombre d'écoles : il y a aujourd'hui 102 centres de formations d'opticiens, contre seulement 4 il y a 30 ans. Si ce phénomène est observé dans d'autres domaines (écoles de commerce, d'esthétique...), l'optique fait figure d'exception au sein des professions de santé : en effet, le nombre de diplômés progresse, dans notre secteur, d'environ 10% par an, contre 3% chez les dentistes, 4% chez les pharmaciens ou encore 1% chez les infirmiers. Mais, malgré cette progression, le taux de chômage chez les opticiens s'établit à 4%, soit bien en-deçà de la moyenne nationale.
Cette augmentation du nombre de diplômés génère une élévation de la qualification des collaborateurs dans les magasins. En effet, les propriétaires embauchent préférentiellement des titulaires du BTS : ils représentent aujourd'hui les 2/3 de l'effectif des points de vente. Il y a donc encore de la place, jusqu'à ce que 100% des collaborateurs soient diplômés (soit un délai de 5 ans). Point négatif : ce phénomène engendre une baisse des salaires. On assiste à une véritable « smicardisation » des opticiens. Et si 49% des titulaires du BTS font des formations supplémentaires (licence, CQP...), celles-ci ne suffisent pas toujours à revaloriser les revenus.
Aujourd'hui, si le marché absorbe les diplômés, c'est que nombre d'entre eux choisissent la voix du salariat, le secteur étant quasiment saturé en termes de nombre de magasins (il devient très difficile de créer un point de vente, notamment en raison de la frilosité des banques). Mais, d'ici 5 ans, tous les postes de collaborateurs devraient être occupés par des BTS. Les débouchés risquent d'être alors extrêmement limités, à l'image de ce qui advient dans d'autres secteurs (sociologie, domaine artistique...). Dans ce contexte, il est impératif de se différencier en prolongeant sa formation après le BTS pour améliorer ses compétences et séduire les employeurs. D'autres débouchés peuvent aussi être envisagés : dans l'industrie (lunetiers qui relocalisent leur production en France, verriers), la basse vision ou encore l'enseignement. Un développement des délégations de tâches entre ophtalmologistes et opticiens pourrait également assurer un bel avenir à ceux qui maîtrisent la réfraction. N'oublions pas non plus que 5 000 opticiens devraient partir à la retraite d'ici 10 ans, dont 30% de propriétaires, ce qui devrait donner un souffle d'air au marché et offrir de nombreuses opportunités, en salariat comme en entreprenariat, aux nouveaux venus.