Après l'autorisation de la Commissions européenne, Essilor et Luxottica annoncent que la Federal Trade Commission (FTC) des Etats-Unis a autorisé sans condition le projet de rapprochement entre les deux sociétés. Au même titre que l'Europe, les Etats-Unis font partie des juridictions où l’approbation par l’autorité de la concurrence est une condition suspensive à la réalisation de l’opération. Le projet de rapprochement entre les deux groupes doit être finalisé dans la 1ère partie de 2018 après obtention de l’ensemble des autorisations nécessaires.
Très attendu, la Commission européenne vient de rendre son avis sur la fusion entre Essilor et Luxottica. Alors que les deux groupes viennent de publier leurs résultats 2017 et leurs perspectives 2018, l’instance approuve, en vertu du règlement CE sur les concentrations, le rapprochement entre les deux géants de l’optique. Selon elle, l'opération « ne porterait pas atteinte à la concurrence dans l'Espace économique européen ou dans une partie substantielle de celui-ci ».
« Notre travail consiste à veiller à ce qu'une fusion n'aboutisse pas à des prix plus élevés ou à des choix réduits, dans ce cas pour les opticiens et les consommateurs de l'UE », explique la commissaire Margrethe Vestager, chargée de la politique de la concurrence. Pour en obtenir la certitude, une étude auprès de 4 000 opticiens a été menée sur le marché européen. Résultat : Essilor et Luxottica ne disposeraient pas d'un pouvoir de marché pour nuire à la concurrence. « Nos préoccupations initiales n’ont pas été corroborées, nous pouvons laisser cette fusion se poursuivre inconditionnellement », conclut la commissaire.
Les conclusions de l’enquête de la Commission
L’enquête* de la Commission avait pour objectif de déterminer si la nouvelle entité pourrait utiliser la puissance des marques de Luxottica pour faire acheter des verres Essilor par les opticiens, et exclure les autres fournisseurs, par des pratiques telles que le groupage ou la vente liée. Elle a conclu que :
- Les marques les plus fortes de Luxottica, y compris Ray-Ban, ne sont généralement pas des produits essentiels pour les opticiens. « Cette conclusion est cohérente avec la part de marché de Luxottica de moins de 20% en Europe et avec le fait qu'un nombre important de magasins d'optique en Europe ne vendent aucun produit Luxottica », explique la Commission.
- La société fusionnée ne serait pas en mesure d'exploiter un pouvoir de marché quelconque sur les lunettes de soleil pour exclure les fournisseurs concurrents de verres, « les solaires étant principalement vendues sans correction visuelle et représentant une petite partie des revenus des opticiens ».
- EssilorLuxottica « n'aurait qu'un intérêt limité à s'engager dans des pratiques telles que le groupage et la vente liée en raison du risque de perdre des clients ». La nouvelle entité n’aurait ainsi aucun intérêt à marginaliser les fournisseurs concurrents et à nuire à une concurrence effective.
- Le futur géant de l’optique « ne serait pas en mesure d'exclure du marché les fournisseurs de lunettes concurrents, Essilor n'a pas un pouvoir de marché suffisant ni un intérêt à évincer les concurrents de Luxottica ».
- Par ailleurs, la disparition de la concurrence émergente ne crée aucun problème de concurrence puisqu'il est peu probable que les activités limitées de Luxottica dans le secteur des verres de lunettes et les activités limitées d'Essilor dans les articles de lunetterie jouent un rôle important sur le plan de la concurrence dans un avenir proche.
Par conséquent, la Commission estime que « l'opération ne porterait pas atteinte à la concurrence dans l'Espace économique européen ou dans une partie substantielle de celui-ci ».
Rappelons que l’Union Européenne fait partie des 5 juridictions où l’approbation par l’autorité de la concurrence est une condition suspensive à la réalisation de l’opération. A ce jour, le rapprochement a également été autorisé sans condition dans 13 autres pays : Afrique du Sud, Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée du Sud, Inde, Japon, Maroc, Mexique, Nouvelle-Zélande, Russie et Taiwan. Le projet de fusion doit encore être approuvé par les autorités de la concurrence des États-Unis et de la Chine.