Alors que le gouvernement envisage de transférer certaines charges de l'Assurance maladie, dont l'optique, aux complémentaires santé, ces réformes risquent de peser lourd sur le budget de celles-ci, qui n'auraient d'autre choix que d'augmenter le tarif de leurs cotisations.
Indépendamment de toute prise de position politique, le CTIP (Centre technique des institutions de prévoyance) a dernièrement mesuré l'impact de ces éventuels transferts sur le porte-monnaie des assurés. Ainsi, selon cet organisme, un désengagement total du régime obligatoire des dépenses d'optique entraînerait pour l'Etat une économie de 227 millions d'euros. Coût pour l'assuré : 22 euros supplémentaires de reste à charge par équipement ou une hausse moyenne de 1,3% de sa cotisation à une complémentaire. Le déremboursement des prothèses dentaires, également évoqué par les pouvoirs publics, impliquerait quant à lui une augmentation de 6,3% de ce tarif, voire de 10,3% si celui-ci était étendu aux soins dentaires des adultes.
Encore plus inquiétante aux yeux du CTIP, l'instauration d'un ticket modérateur de 5% sur les affections de longue durée, qui ferait économiser 3,7 milliards d'euros à la Sécu, provoquerait à elle seule une hausse moyenne de 17,9% des cotisations. Une envolée similaire est prévue en cas de déremboursement total des médicaments à vignette bleue, actuellement pris en charge à 35%.
"Ce n'est potentiellement pas gérable pour les complémentaires" prévient le CTIP qui, essentiellement concerné par la couverture en entreprise, a averti que "tout transfert provoquera des modifications de prise en charge dans les contrats collectifs". Il faudra s'attendre, le cas échéant, à une "limitation des garanties", prévoit Audrey Manuguerra-Hardy, chargée de mission au CTIP. "Et si les contrats deviennent trop chers à force de transferts, les entreprises risquent de ne plus couvrir leurs salariés ou d'offrir des contrats bas de gamme" ajoute-t-elle.
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