Economie

Réseaux de soins, concurrence sur les prix, sur la qualité... : quels impacts pour l'assuré et le secteur de la santé ?

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La mise en concurrence des professionnels de santé est-elle bénéfique aux patients ? Les réseaux des complémentaires santé intensifient-ils cette concurrence ? La bataille sur les prix peut-elle se conjuguer avec la qualité des soins ? Invités par l'Autorité de la Concurrence, plusieurs spécialistes - économistes, associations de consommateurs, représentants des professions de santé... - se sont réunis ce matin pour débattre de ces questions. Les bénéfices d'une concurrence sur les prix en santé sont parfois contestés. Elle doit dans tous les cas s'accompagner d'une meilleure information des assurés, sur l'offre de soins mais aussi sur les garanties proposées par les complémentaires santé.

Une concurrence basée avant tout sur la compétence et l'information

"Le secteur de la santé est très concurrentiel. Mais, à l'inverse des autres marchés, cette concurrence n'était pas jusqu'ici fondée sur le prix. Elle est fondée sur l'information des patients, la compétence des praticiens et la qualité des soins. Les réseaux mis en place par les complémentaires santé instaurent une nouvelle concurrence, basée sur les tarifs" analyse Didier Tabuteau, Directeur de la chaire Santé de Sciences-Po. Pour l'Autorité de la Concurrence, ces réseaux agréés stimulent en effet la concurrence entre les professionnels et sont bénéfiques au consommateur, car ils "soumettent les professionnels souhaitant être sélectionnés à l'obligation de respecter des engagements de modération tarifaire". "En instillant davantage de concurrence, on redonne du pouvoir aux consommateurs. Les réseaux respectent la liberté de choix des assurés et permettent aussi de limiter la dépense publique" assure Bruno Lasserre, Président de l'Autorité de la Concurrence.

La concurrence sur les prix préjudiciable à la qualité ?

Pour autant, cette mise en concurrence sur le prix va-t-elle de pair avec une offre de soins de qualité ? Certains en doutent. "Il faut aujourd'hui essayer de combiner une prise en charge de qualité avec la régulation des dépenses. Cela veut dire que les professionnels de santé devront être rémunérés différemment. Aujourd'hui, la concurrence est un facteur de désorganisation supplémentaire du système de santé. Par exemple, un patient bénéficiant d'une assurance prenant en charge les dépassements d'honoraires pourra se faire opérer dans des délais plus brefs qu'un autre" souligne Jean-Pierre Davant, Président de la Mutualité Française.
Pour les associations de consommateurs, l'intervention croissante des complémentaires santé doit par ailleurs s'accompagner d'un effort sur la lisibilité des garanties. "Si on veut leur donner plus de poids, il faut qu'elles se montrent plus transparentes : aujourd'hui, il est impossible de comparer les différents contrats !" dénonce Christian Saout, Président du CISS (Collectif interassociatif sur la santé)

Assurer une information impartiale des assurés

"La sécurité et la qualité des offres sont encore mal tracées. Quelques éléments apparaissent, comme la publication des honoraires des médecins sur le site de l'Assurance maladie ou l'information donnée par certaines complémentaires santé, comme Santéclair ou la Mutualité, avec Priorité Santé Mutualiste, mais cela reste insuffisant pour que les assurés puissent comparer les offres " souligne Christian Saout. "Le manque d'information est la première cause d'inégalité en matière de santé et d'accès aux soins" renchérit Michel Chassang, Président du CNPS (Centre national des professions libérales de santé). Il plaide ainsi pour la mise en place d'un système d'information "impartial, vérifié, contrôlé" par les pouvoirs publics. "Il est hors de question de laisser la presse faire ce travail librement" affirme-t-il, en référence aux différents "palmarès" des hôpitaux ou cliniques publiés chaque année par certains magazines.

Le secteur de la santé à un tournant historique

L'ensemble des intervenants se sont enfin accordés sur le fait que la santé en France se situe aujourd'hui à un virage fondamental. "Nous vivons une période historique, à l'issue de laquelle il y aura un partage total des dépenses de santé entre le régime obligatoire et les régimes complémentaires" pronostique Didier Tabuteau. Christian Saout va plus loin et prévoit que, "dans 10 ans, les complémentaires santé seront le premier assureur de base". Ces mutations annoncent une phase de turbulences : "nous sommes à l'aube d'une période difficile pour le secteur de la santé en France" avertit Jean-Pierre Davant.

N'hésitez pas à voir ou revoir notre débat télévisé réalisé au Silmo : "Complémentaires santé : partenaires ou adversaires ?", avec Marianne Binst (Directrice de Santéclair), Philippe Quique (Directeur Santé d'AG2R), Stéphanie Dangre (Présidente du Casopi) et Yves Guénin (Secrétaire général d'Optic 2000).

Lire aussi : L'Autorité de la concurrence rend son avis sur les réseaux fermés.

Écrit par la Rédaction
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