Hier matin, la Commission des Affaires sociales du Sénat a adopté le texte sur la proposition de loi Le Roux, relative aux réseaux de soins. Ce dernier, qui doit désormais être débattu en séance publique le 24 juillet prochain, vise à autoriser les mutuelles à pratiquer les remboursements différenciés et à instaurer des règles communes à toutes les conventions passées entre les Ocam et les professionnels de santé. Modifié par un amendement du sénateur Yves Daudigny (PS), il inclut désormais les réseaux fermés mais seulement pour les opticiens. Acuité a recueilli les réactions des différentes organisations syndicales de la profession...
Henry-Pierre Saulnier, président de l'UDO (Union des opticiens) :
« Tout en sachant qu'il n'y a rien de figé, nous trouvons légitime que les mutuelles puissent avoir les mêmes droits que les assurances et les institutions de prévoyance. Les Ocam tendent à réduire le reste à charge de leurs adhérents et à permettre à nos concitoyens de s'équiper. Nous avons été récemment auditionnés par le sénateur Yves Daudigny, rapporteur général de la PPL Le Roux au Sénat, et nous avons défendu fortement la liberté de choix du fournisseur, notre rôle d'opticien traitant responsable qui doit dispenser des produits de qualité avec un service irréprochable en pratiquant le juste prix. Ces principaux points ne sont pas tous législatifs mais devront s'inscrire dans une démarche avec les complémentaires santé, afin de trouver des points d'équilibre gagnant-gagnant pour la filière visuelle. Du reste, nous avons déjà signé en 2006 une charte avec la FFSA (Fédération Française des Sociétés d'Assurances). Il vaut mieux dialoguer que rechercher l'affrontement dont nous sortirions toujours perdants. Sur certains points, notre profession souffre d'une mauvaise image, alimentée par les médias et une absence d'unité. Nous avons, en effet, un gros retard à rattraper car nous payons aujourd'hui les excès du passé lorsque les complémentaires étaient payeurs aveugles et dont certains, que je veux croire minoritaires, ont abusé. La profession n'a pas pu ou su assurer sa régulation. Notre mode d'exercice doit changer, c'est un fait inéluctable, et je reste persuadé que l'évolution de notre profession d'opticien vers celle d'opticien-optométriste aidera cette mutation. Maintenant, attendons la suite du parcours législatif ».
Stéphanie Dangre, présidente du Casopi (Syndicat des centrales d'achat au service des opticiens indépendants) :
« Nous sommes consternés par l'amendement déposé par Yves Daudigny, autorisant les réseaux fermés pour les opticiens seulement. Cette PPL ne répondra en rien à l'objectif fixé par la loi qui est de garantir un équipement aux plus défavorisés. Le point clef sur lequel nous alertons aujourd'hui le gouvernement et l'ensemble des politiques, c'est sur l'autorisation du remboursement différencié. En tant que professionnels de santé, nous savons que cela ne fera en rien baisser les prix mais ce sont la valeur relative et la qualité qui vont être mises à mal. Non seulement, cette PPL ne remplit pas les objectifs fixés mais elle va aussi entraver la liberté de choix des Français et casser une partie de notre système de qualité. On se demande comment de bonnes intentions peuvent se transformer ainsi en catastrophe sociale et économique grave. Si jamais cette loi passe, cela voudra dire que demain le consommateur devra arbitrer entre une meilleure prise en charge ou un équipement de qualité mais avec une prise en charge dégradée. Il y a là un problème d'équité sociale. Nous sommes très inquiets et nous espérons que les débats seront plus constructifs en séance publique ».
Christian Py, président du Synom (Syndicat national de l'optique mutualiste) :
Sur le vote, j'ai déjà tout dit. Attendons mercredi prochain. Tout ce que je peux dire c'est que j'ai été choqué hier par le tweet d'Alain Gerbel, président de la Fnof. Ce dernier s'est indigné en écrivant « Réguler la démographie des opticiens en les empêchant de travailler, telle est la proposition des sénateurs de la Commission des Affaires sociales ». Il faut qu'il se calme. C'est bien certainement le seul aujourd'hui à penser qu'il n'y a pas assez de magasins d'optique. Ce n'est pas le fait des sénateurs qu'il y ait trop de points de vente. Enfin, je suis choqué que personne ne réagisse à l'actualité concernant la reconnaissance de l'opticien-optométriste. On remet de nouveau en avant la profession d'orthoptiste. Personne ne se préoccupe du futur de notre profession.
Nous avons également contacté la Fnof et le SynOpe qui n'ont pas souhaité réagir.
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