Publiée sur le site du Sénat le 14 juin dernier, la proposition de loi du sénateur Ronan Kerdraon, « tendant à favoriser l'accès aux soins oculaires sur tout le territoire par l'organisation d'une filière de formations en santé visuelle »*, ne manque pas de faire réagir les acteurs concernés. Le Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO) estime ainsi que si le texte est « perfectible », il « semble répondre aux objectifs de santé publique en impliquant les orthoptistes comme socle d'alternative à la pénurie ophtalmologique et permettrait aux opticiens (acteurs incontournables de la filière) désireux de s'approcher de la clinique médicale de rejoindre le cursus des orthoptistes ».
Pour le président du syndicat, Laurent Mylstain, l'objectif est de bâtir « une profession de santé à compétences définies qui se verrait confier par les ophtalmologistes et sur un temps déterminé, les patients pour qui ils estiment que l'expertise médicale n'est pas nécessaire à court terme (sauf urgence) ». Tout cela en poursuivant « une étroite collaboration historiquement construite entre orthoptistes et ophtalmologistes qui perdurerait pour assurer un suivi de qualité et ne pas risquer la perte de chance des patients. Ainsi orientée, la filière évite le risque de démédicalisation et de commercialisation qu'elle encourt si des non-professionnels de santé venaient à parvenir à imposer leur présence par un lobbying forcené et une volonté hégémonique affichée ».
Accusé de renier ses engagements et ses alliances en étant à l'initiative de cette PPL, « le SNAO affirme n'avoir jamais avancé masqué et avoir toujours affiché clairement sa ligne politique : amener la profession d'orthoptiste vers un niveau de profession de santé à compétence définie afin d'atteindre plusieurs buts :
- participer à la valorisation de la filière visuelle sans entrer en concurrence avec les ophtalmologistes ;
- réduire les délais d'attente et apporter une solution médicale, et non pas commerciale, à l'accroissement inévitable du nombre de consultations ;
- se voir confier la partie « physiologie visuelle » de la population ainsi que celle de la pathologie stabilisée lorsque le diagnostic ophtalmologique et l'ophtalmologiste auront déterminé que le risque de perte de chance d'un tel « transfert » est quasi nul ;
- empêcher une catégorie d'opticiens n'ayant eu d'enseignement qu'en faculté de sciences mais jamais en faculté de médecine de s'approprier des prérogatives et des compétences qui ne sont légalement dévolues qu'aux ophtalmologistes et aux orthoptistes ».