Lors des premiers échanges sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificative (PLFSSR) pour 2014, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé le dépôt d'un amendement visant à autoriser l'usage de l'Avastin (laboratoire Roche) hors autorisation de mise sur le marché dans le cadre du traitement de le Dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Pour rappel, seul le Lucentis (laboratoire Novartis) est actuellement légalement utilisable pour soigner la maladie oculaire, mais il coûte 800 euros par injection contre 30 euros pour son concurrent. Gérard Bapt, rapporteur du texte à l'Assemblée nationale, espère que cette mesure permettra « une économie pour la Sécurité sociale de 200 millions d'euros par an au minimum ».
Aussi, l'amendement à l'article 9 du PLFSSR déposé par le Gouvernement précise que la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne « autorise désormais la prescription d'un médicament en dehors de son autorisation de mise sur le marché, même dans le cas où une alternative thérapeutique existe ». Pour le député Gérard Bapt, interrogé par nos confrères de l'AFP, « il apparaît que la voie législative est préférable, alors qu'un décret aurait été juridiquement attaquable ». A l'origine, l'Avastin était seulement autorisé en tant qu'anticancéreux, mais nombre de praticiens hospitaliers se sont aperçus qu'il présente des propriétés similaires au Lucentis et l'ont prescrit dans des cas de DMLA. La Direction générale de la santé (DGS) a toutefois sifflé la fin de partie en interdisant cette pratique en juillet 2012 afin de « préserver les impératifs de sécurité sanitaire » (lire notre news « Affaire Avastin/Lucentis : de nouveaux rebondissements attendus »).
C'est en avril dernier, sous la pression de professionnels de santé de plus en plus scandalisés, que la ministre de la Santé a déclaré vouloir autoriser l'Avastin en France pour la DMLA. Finalement, l'Autorité de la concurrence qui soupçonnait les laboratoires Roche et Novartis d'entente leur permettant de douteuses pratiques anticoncurrentielles dans cette affaire, a décidé de les perquisitionner alors que l'Autorité de la concurrence italienne leur a déjà infligé une amende de 182,5 millions d'euros en mars pour « accord illicite » (lire notre news « DMLA : Roche et Novartis devraient 1,2 milliard d'euros au ministère de la Santé italien »).
Au final, une autorisation de l'Avastin serait une aubaine pour la Sécurité sociale et la prise en charge des personnes atteintes de DMLA en attendant une étude qui devrait démarrer prochainement sur le resveratrol. Ce polyphénol présent dans les grains de raisons, les mûres et les cacahuètes pourrait en effet ralentir la progression de la maladie. Reste maintenant à le prouver...